Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 148.djvu/402

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
SUPPRESSION DES DISTANCES

La télégraphie et la téléphonie sont, aujourd’hui, tellement entrées dans nos habitudes, qu’on a peine à concevoir une société organisée sans ces moyens de communication. Cependant, les personnes qui sont nées dans le premier quart de ce siècle ont connu une époque où la télégraphie n’existait pas, et c’est seulement depuis la guerre de 1870 que la téléphonie a vu le jour. On peut donc évoquer le souvenir d’un temps où les conditions économiques de la vie étaient, au point de vue des rapports de ville à ville et de pays à pays, peu différentes de ce qu’elles étaient dans un passé lointain.

Le progrès, en cette matière, a été d’une lenteur extrême. Il s’est, en quelque sorte, manifesté tout à coup ; depuis, il a marché à pas de géant.

Les chemins de fer, la navigation à vapeur, la télégraphie terrestre et sous-marine et, plus récemment, le téléphone, ont rapproché les distances, rendu le monde plus petit, et ramené déjà à portée de la voie humaine des distances de 1 000 kilomètres. La parole franchira-t-elle bientôt les océans, comme elle franchit la Manche, et deux personnes placées des deux côtés de l’Atlantique arriveront-elles à pouvoir s’entendre parler réciproquement et se voir ? Il n’est pas téméraire de penser que le problème de la transmission des sons, comme celui de la transmission de la vision à distance seront bientôt résolus et que la voix ainsi que l’image pourra se reproduire instantanément au-delà des mers, comme les signaux de la télégraphie.

C’est la dernière étape qui reste à franchir.