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pour elle, on perde son âme. Voilà ce que nous sentons clairement dans nos meilleures minutes…

J’ai laissé la question juridique à M. Brunetière, qui l’a faite sienne, et qui continuera à la traiter avec plus de compétence, de rigueur et de vigueur que je ne ferais. Il est bien probable que cela finira par la révision d’une loi mal rédigée et dont l’application littérale heurte par trop le sens commun. Vous aurez contribué, monsieur, par votre obstination, à amener cet heureux changement, et ainsi vous nous aurez rendu un service dont nous vous serons plus reconnaissans que de votre tragédie.


JULES LEMAITRE.


On vient de lire la « réponse » de M. Dubout et la réplique de M. Lemaître. Mais, après les avoir lues, comme on pourrait se demander les raisons que la Cour d’appel de Paris et la Cour de cassation ont eues de nous imposer, ou plus exactement de nous infliger l’insertion de la prose de M. Dubout, nous les avons cherchées, et les ayant enfin découvertes, — ce qui n’était pas si facile, — nous croyons devoir les donner à nos lecteurs.

Il ne faudrait pas en effet s’y tromper !

En décidant que les insinuations désobligeantes de M. Dubout à l’adresse de M. Lemaître n’avaient pas d’importance, ou du moins ne constituaient pas, en matière de droit de réponse, l’exception tirée de ce qu’on appelle au Palais « l’honneur du journaliste », la Cour de cassation et la Cour d’appel de Paris n’ont évidemment pas voulu dire que l’honneur des journalistes fût d’une autre nature, moins délicate, que celui des magistrats ; et cependant, c’est ce que l’on croirait d’abord. Car, « avec quelques médisans », si j’insinuais que la Cour de Paris ou la Cour de cassation ont eu des motifs extra-légaux, personnels, et par conséquent un peu bas, de nous condamner, comment prendraient-elles toutes les deux la chose ? Et aussi je ne l’insinue point !

Elles n’ont pas voulu davantage, en nous obligeant à publier les citations tronquées que M. Dubout, dans sa « réponse », a faites des feuilletons de MM. Faguet et Sarcey, Bauër et du Tillet, Duquesnel et Fouquier, nous mettre dans la cruelle alternative de soutenir une demi-douzaine de procès ou d’insérer les réclamations de ces Messieurs, et au besoin leurs feuilletons tout entiers. Car la loi est formelle, et « toute personne nommée ou désignée » dans la « réponse » de M.