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résolument à la tête du mouvement africaniste, il entra en relations personnelles avec les explorateurs, les géographes et les philanthropes et, le 12 septembre 1876, il les réunit à Bruxelles dans son palais, en une conférence internationale et privée, qu’il ouvrit par un discours plein d’habileté dans lequel ses ambitions politiques et commerciales étaient associées aux idées les plus élevées et les plus généreuses.

De la conférence tenue dans le palais royal de Bruxelles est sortie l’Association Internationale Africaine, dont le roi Léopold fut élu président. Un plan d’exploration et de civilisation de l’Afrique centrale y fut décidé suivant un programme humanitaire et scientifique, et en dehors de toute préoccupation de conquête et de commerce. Mais l’Association Internationale Africaine devait perdre bientôt en fait son caractère international ; elle était composée de comités nationaux, au-dessus desquels était constituée une commission internationale chargée de la direction. La plupart des comités nationaux ne purent réunir les fonds nécessaires à l’exécution du programme ; dans d’autres pays, comme la France, l’Italie et l’Allemagne, les sociétés africaines demandèrent des ressources, non à l’initiative privée, mais au budget de leur gouvernement et échappèrent dès lors en partie à l’action de la Commission internationale. La Belgique seule fit exception, et son comité africain, largement alimenté par la cassette royale, se signala par de nombreuses expéditions. Nous retrouverons plus tard cette Association Internationale Africaine et nous étudierons ses différentes transformations ; mais ces explications étaient nécessaires pour bien comprendre l’histoire du Congo français à laquelle nous revenons.

Dans une première exploration de 1875 à 1878, Brazza, parti de Libreville, arriva à l’embouchure de l’Ogooué, remonta ce fleuve et atteignit les vallées supérieures de l’Alima et de la Likouala. Le problème de l’hydrographie africaine était alors loin d’être résolu ; il semblait à Brazza de plus en plus obscur. Où pouvait s’écouler l’important réseau fluvial qu’il avait rencontré au-delà de la ligne de faîte de l’Ogooué ? Sans se prononcer d’une façon affirmative, l’explorateur inclinait à penser que ces cours d’eau s’écoulaient vers l’Est. A son retour en Europe, la pleine lumière se fit dans son intelligence, et le problème lui apparut clairement résolu. Stanley venait de traverser l’Afrique, révélant au monde la plus grande artère fluviale de ce continent, le Congo. Brazza