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s’empresseraient de soustraire le maître d’école à un joug dont eux-mêmes ne tiendraient plus la poignée. Quiconque s’intéresse aux « Amis de l’Ecole » et à l’école elle-même doit lutter avec acharnement contre un tel péril. Au terme d’une évolution qui a exalté l’instituteur, et durant laquelle il s’est fièrement dressé, d’abord comme champion du pouvoir, puis, cette année, comme adversaire du pouvoir, on rapetisserait, non pas seulement son rôle, mais sa dignité, si l’on s’ingéniait à maintenir ou à modifier ses rapports avec le préfet, selon le degré d’espérances que l’on fonde sur le prochain mouvement préfectoral. Désabusé, désillusionné, inquiet et fatigué, le maître d’école, alors, en viendrait à se demander si M. Jules Simon ne donnait pas une preuve de bon sens lorsqu’il disait aux créateurs de notre enseignement primaire : « Vous voulez grandir le maître d’école, vous croyez que vous le grandissez en en faisant le représentant des idées modernes. Moi, je crois que je le grandis davantage, quand, au lieu de vouloir en faire un représentant des idées modernes, je veux en faire, tout bonnement, tout simplement, un maître d’école de village. »