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la plus difficile. Elles ont de petites dettes criardes. On ne peut pourtant pas leur faciliter le moyen de partir sans les avoir payées. D’autres sont réduites, pour tous vêtemens, à ceux qu’elles portent sur elles. Pour se rendre aux colonies, il faut cependant posséder un petit trousseau. Ces dettes criardes pourraient être payées, ce trousseau constitué, si la Société pouvait faire à ces femmes, comme le fait la Société anglaise, certaines avances que celles-ci rembourseraient sur leurs premiers gains. Mais pour cela, il faudrait que la caisse de la Société fût un peu plus garnie. Or, si elle n’est pas vide, il ne s’en faut de guère. Les souscriptions sont rares ; les dons ont été à peu près nuls. Et cependant bien des sociétés qui ont reçu dans ces derniers temps des libéralités éclatantes n’étaient pas dignes de plus d’intérêt.

En résumé, la Société existe ; elle agit ; elle fait du bien. N’aurait-elle eu pour résultat que de venir en aide à un certain nombre de détresses individuelles, de frayer la route à quelques non-classées, de remettre à flot quelques déclassées, sa création n’aura pas été une œuvre vaine. Quant à son avenir, il dépend de celui de nos colonies elles-mêmes. Je ne crois pas qu’elle puisse, dès à présent, contribuer d’une façon bien efficace à leur peuplement. Mais si les patriotiques espérances auxquelles je veux m’associer en terminant se réalisent, si nos colonies prospèrent, par les services qu’elle pourra rendre aux femmes de la métropole, elle méritera de tenir sa place dans ce grand mouvement de sympathie humaine et de charité qui aura été l’honneur et la consolation des dernières années du XIXe siècle.


HAUSSONVILLE.