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réussissent en ne laissant jamais reposer leurs terres, copieusement fumées ; aussitôt qu’une plante est enlevée, une autre lui succède ; ils y réussissent en maintenant élevés leurs prix de vente, car, s’il est facile de faire arriver des pays d’outre-mer des sacs de blé, ou même des animaux vivans, les légumes frais et les fleurs ne supportent que les rapides trajets en chemins de fer, et les horticulteurs n’ont pas à craindre la concurrence américaine ; ils y réussissent parce qu’ils apportent à leur travail cette ingéniosité, cette habileté, ce goût qui font rechercher partout leurs gerbes de fleurs, ou leurs paniers de fruits ; ils y réussissent enfin par d’incessans arrosages.

En résumé, les terres sont stériles quand l’eau leur fait défaut ; à mesure que l’approvisionnement d’humidité augmente, la fécondité s’accroît ; les plus belles récoltes naissent sur les terres humides, qu’il faut assainir par le drainage ; enfin, la plus productive de toutes les cultures, la culture maraîchère, ne s’établit que sur les terres basses où l’eau est abondante.

La circulation régulière de l’eau dans le sol est donc la condition même de la fertilité. J’ai essayé de le faire voir dans les pages précédentes, j’y reviendrai encore dans une prochaine étude où je montrerai que le cultivateur n’ameublit sa terre, par un travail constant, que pour y maintenir de puissantes réserves d’humidité.


P.-P. DEHERAIN.