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d’une machine à vapeur, se débarrasser des eaux salées en les rejetant en dehors du domaine.

C’est là ce qui n’est pas possible dans les terres que domine le barrage de l’Habra, dans la province d’Oran ; M. Berthault, professeur à l’Ecole de Grignon, qui depuis plusieurs années dirige la culture de cette immense propriété, n’a pu planter de vignes que dans les terres où des arrosages fréquens ont fait descendre à une certaine profondeur le plan des eaux salées. Aussitôt que la proportion des sels atteint 1 à 2 grammes par kilogramme de terre à un mètre de profondeur, la vigne dépérit.

En résumé, l’analyse nous décèle la présence, heureusement rare, des matières qui rendent parfois les terres stériles ; elle nous enseigne la composition chimique de notre sol et nous guide dans l’emploi des engrais ; elle nous indique même à quelle espèce appartient la terre examinée. Ces renseignemens si précieux doivent être complétés cependant par une dernière investigation : l’examen attentif du domaine qu’il s’agit d’acquérir ou d’exploiter. Cet examen doit non seulement porter sur le bon groupement des pièces, sur leur orientation, sur l’entretien des fossés d’assainissement et la viabilité des chemins d’exploitation, mais aussi et surtout sur la terre elle-même.


IV. — EXAMEN DES TERRES EN PLACE. — ÉPAISSEUR DE LA COUCHE ARABLE. — NATURE DU SOUS-SOL

Une terre n’est fertile, nous ne saurions trop le répéter, qu’autant qu’elle conserve un approvisionnement d’eau qui suffise, d’une part, à l’énorme consommation qu’entraîne la transpiration végétale ; de l’autre, à l’entretien de la vie des bactéries du sol ; qu’autant enfin que, malgré cette haute dose d’humidité, la circulation de l’air est assurée.

Or, ces conditions sont liées, non seulement à la constitution même de la terre, que l’analyse nous a fait connaître, mais aussi à son épaisseur et à la nature du sous-sol sur lequel repose la terre ameublie.

Dans les pays accidentés, les arrachemens qu’a laissés le passage des routes en contre-bas facilitent les constatations ; dans les pays plats, il faut procéder à des fouilles méthodiques poussées jusqu’à une profondeur qui dépasse un mètre. Cette recherche ne devient inutile que lorsque l’aspect du pays suffit à déterminer la nature du sol.