Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 147.djvu/404

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et… monumentale, puisque, aussi bien, des événemens aussi considérables que la défaite sur les champs de bataille d’un peuple artiste comme la France, et son effort aujourd’hui accompli pour se ressaisir et affirmer de nouveau ses idées avec toute sa force — je n’ose dire avec toute sa santé — doivent avoir une action sur la marche des arts à la fin de ce siècle.


III

Il se pourrait que des raisons simplement matérielles, des raisons de métier, eussent après tout une action aussi grande que les intellectuelles ou les sociales sur les transformations de l’architecture. Les besoins du temps, les conditions du climat, et surtout la nature des matériaux constituent les trois élémens primordiaux de la technique d’un art, et plus particulièrement, comme on le pense, de l’architecture, quelque chose encore comme une trinité moléculaire. Et, si j’ai réussi à en dégager les raisons, morales en quelque sorte, dans cette étude rapide des filiations historiques et symboliques de l’architecture, il me reste à en étudier rapidement les conditions statiques et spéciales, avant d’essayer d’en tirer une conclusion et, s’il se peut, une leçon.

La nature, l’aspect et presque la santé d’un monument sont toujours dans un rapport absolu avec les matériaux employés en son organisme et les conditions atmosphériques du lieu où il habite. Il est évident, par exemple, que les constructions de bois ne sauraient avoir la même masse, ni par conséquent les mêmes formes que les constructions de marbre. L’aspect d’un monument en fer sera tout autre que celui d’un monument de pierre. Si le granit, en Égypte, rend possible l’obélisque et explique les sphinx, la merveilleuse dureté et la blancheur divine, et la presque immortelle dureté du marbre, pris par les Athéniens au Pentélique voisin, expliquent le Parthénon matériel, comme le culte passionné de ces Grecs, citoyens et artistes, pour l’Athèna protectrice de leurs libertés, avait expliqué le Parthénon idéal. Sans aucun doute, le poids des colonnes du Temple est en raison directe de la simplicité et par conséquent de la beauté de sa masse. L’application à la construction en pierre de ces points d’appui, ingénieusement calculés pour des poussées nouvelles, sera de même le secret