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Le Carlos-V vient d’embarquer au Havre ses deux grosses pièces de 28 centimètres Hontoria, usinées en France, l’établissement espagnol de la Trubia ne pouvant plus suffire à sa tâche avec un outillage imparfait. L’artillerie moyenne compte 10 canons de 14 centimètres et 4 canons de 10 centimètres ; il y a, de plus, 14 pièces légères et 6 tubes lances-torpilles.

Les deux derniers croiseurs à revêtement métallique sont d’origine exclusivement italienne. Le premier, Cristobal-Colon (encore un nom heureux et qui marque le trait d’union, d’une part entre l’Espagne et Cuba, de l’autre entre l’Espagne et l’Italie), est un navire de 6850 tonnes, blindé à 15 centimètres, filant de 20 à 21 nœuds avec des chaudières françaises, puissamment armé, lui aussi, mais dont les canons de 254 millimètres, du type Armstrong, fondus à Pouzzoles, ont donné des traces de faiblesse.

Le second, Pedro-d’Aragon, ne sera probablement pas achevé avant la fin des hostilités. En revanche on négocie, parait-il, l’achat d’un troisième Cristobal-Colon, celui-là tout prêt, ou peu s’en faut, et qui était destiné à la marine de guerre italienne par les chantiers de Gênes. Le souci de garder une exacte neutralité ne permettra sans doute pas au Gouvernement italien de laisser conclure ce marché.

Parmi les croiseurs protégés seulement, il n’y a de remarquables que le Lepanto et l’Alfonso-XIII, bâtimens de 4 800 tonneaux, qui filent 20 nœuds, prennent 1300 tonnes de charbon et arment leurs flancs de canons de 20 et 12 centimètres, sans parler des pièces légères et des tubes de lancement. Leur pont principal porte des plaques de 75 à 112 millimètres d’acier.

Il n’existe encore que 18 des 32 canonnières-torpilleurs prévues. Ces petits bâtimens, de trois types différens (Furor, Temerario, Filipinas), déplacent de 400 à 800 tonnes et filent de 18 à 28 nœuds. Les Américains se préoccupent beaucoup, semble-t-il, des mouvemens de trois contre-torpilleurs, — c’est leur vraie dénomination, — du type Furor, que l’on signalait dernièrement aux îles du Cap-Vert et qu’accompagnent trois torpilleurs de haute mer du type Ariete. C’est qu’ils n’ont rien à opposer à ces agiles coureurs, aussi bons engins pour l’attaque de New-York que pour la défense de la Havane. Malheureusement pour les Espagnols, ce n’est pas encore assez que trois torpilleurs de haute mer, et il aurait fallu pouvoir en grouper 18 autour du Pluton,