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plet, et maintenant les pêcheurs norvégiens emploient le thermomètre en guise d’engin de pêche. Ils cherchent la couche à température de 4 à 5 degrés — et dont la profondeur est d’ailleurs variable non seulement selon la localité, mais encore, au même endroit, selon le moment, — et dès qu’ils l’ont trouvée, ils y envoient directement leurs lignes et pèchent à coup sûr. L’exemple est topique, il a été fourni par un savant éminent ; il a reçu et reçoit encore, à chaque saison, la sanction de la pratique et procure de véritables bénéfices aux pêcheurs. Combien ne serait-il pas à désirer que pareille étude fût faite sur les bancs de Terre-Neuve ou en Islande, j’entends d’une manière sérieuse, par une personne compétente, et, comme les Norvégiens, à bord d’un navire spécialement affecté à cette recherche !

On a exécuté d’autres expériences non moins intéressantes au laboratoire de pisciculture de Flödevig. Les Norvégiens vivent de la mer ; ils sont obligés de la cultiver, et, de fait, ils affirment être parvenus à la rempoissonner en morues. Leurs procédés sont maintenant appliqués à Terre-Neuve, chez les Anglais. On a observé que l’alevin de morue devait être élevé dans une eau ayant une température et une densité déterminées. Si l’eau est trop dense, le jeune poisson n’est pas assez fort pour en vaincre la résistance et chercher sa nourriture sur le fond ; si elle est trop légère, il atteint bien le fond, mais il a peine à s’y maintenir, tandis que si elle est dans les limites convenables, l’animal jouit de la liberté de ses mouvemens, trouve la complète satisfaction de ses besoins, et se développe rapidement jusqu’au moment où, possédant toute sa vigueur, il cesse d’être sensible aux faibles variations du milieu ambiant et peut se nourrir dans la mer où on l’abandonne. L’élevage se fait donc à Flödevig dans des conditions parfaitement systématiques et scientifiques, pour le plus grand bénéfice de l’industrie.

Au laboratoire de Dildo, près de Saint-Jean de Terre-Neuve où l’on s’occupe du même rempoissonnement, le directeur, M. Nielsen[1], reconnaît que l’eau des bassins d’élevage des morues mâles et femelles destinées à la reproduction, doit avoir de 4 à 7 degrés et que de jeunes morues bien vivantes dans une eau à zéro mouraient aussitôt que la température s’abaissait d’un demi-degré seulement.

  1. Dr Nielsen, Annual Report, 1893, p. 21 et 22.