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troupes coloniales, promesse dont malheureusement la mauvaise volonté des administrations auxquelles ressortissent ces emplois rend la réalisation souvent illusoire, toujours trop lente. Enfin la loi leur offre des concessions de terres en Algérie et aux colonies, aux mêmes conditions que celles qui sont faites aux autres colons. Peut-être eût-on pu les leur faire plus avantageuses.

Les législateurs de 1893 n’ont pas espéré sans doute que le nombre des rengagés, malgré cette série d’avantages qu’on leur offrait, serait suffisant pour alimenter l’armée coloniale, puisqu’ils ont admis la nécessité d’accepter des engagemens volontaires devant donner une qualité de soldats coloniaux très inférieure. Avec la réduction d’effectif à l’intérieur que nous croyons possible, nous estimons que les rengagés seront suffisamment nombreux pour les besoins de ce recrutement restreint, sans qu’il soit nécessaire de forcer le taux des primes. Au reste, en cas d’insuffisance, il ne serait sans doute pas impossible de trouver une combinaison qui, sans imposer aucune dépense à l’Etat, assurerait amplement le recrutement de l’armée coloniale. Nous estimons donc que les allocations déterminées par le décret du 4 août 1894 peuvent, jusqu’à nouvel ordre, être maintenues sans modifications. Mais, nous rencontrant en cela avec l’honorable M. de Kerjégu, rapporteur du projet de budget de la Marine pour l’exercice 1897, nous demandons que le terme de deux ans soit supprimé pour les rengagemens, lesquels seraient contractés uniquement pour trois ou cinq ans.

Le recrutement des officiers se fera dans les mêmes conditions que pour l’armée métropolitaine. Créer une troisième école spéciale à l’armée coloniale, paraît difficile. Seulement, en sortant de Saint-Cyr et de l’Ecole d’application de Fontainebleau, les jeunes officiers d’infanterie et d’artillerie, avant d’aller servir dans les corps de troupes, feront un stage de quelques mois au ministère des Colonies. Ils seront attachés à l’état-major général, où ils recevront un complément d’instruction, les préparant et les initiant au service colonial.

Il y a une trentaine d’années, l’infanterie et l’artillerie de marine étaient fort peu recherchées. Les emplois de sous-lieutenant vacans dans ces deux armes étaient dévolus aux élèves des Écoles polytechnique et de Saint-Cyr classés les derniers sur les listes de sortie, lesquels les acceptaient faute de mieux. C’est qu’à cette époque les colonies n’étaient en somme que des garnisons plus