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lumière) et enfin au-delà la vue seule est affectée. La transformation d’une énergie dans l’autre se réduit donc ici à la possibilité d’accroître ou de diminuer l’intensité d’action de cet agent commun dans la proportion juste convenable pour passer de l’une des conditions à l’autre ; et ceci est facile lorsqu’il s’agit d’aller du côté lumière, et au contraire n’est pas réalisable directement, c’est-à-dire sans un secours étranger, lorsqu’il s’agit de redescendre l’échelle, du côté chaleur.

Il faut remarquer encore que cette énergie commune, calorifique et lumineuse, ne se Mlle pas directement en énergie chimique. A la vérité, la chaleur et la lumière favorisent et déterminent même un grand nombre de réactions chimiques, mais si l’on descend au fond des choses on ne tarde pas à se convaincre que la chaleur et la lumière ne servent en quelque sorte qu’à amorcer le phénomène, à préparer l’action chimique, à amener les corps dans l’état physique (liquide, vapeur) et au degré de température (400° par exemple pour la combinaison de l’oxygène et de l’hydrogène) qui sont les conditions préliminaires indispensables à l’entrée en scène des affinités chimiques. Au contraire, l’énergie chimique peut se transformer réellement en énergie calorifique, et l’on en a un exemple dans les réactions qui se font sans le secours d’une énergie étrangère, et dans celles, très nombreuses, qui, comme la combustion de l’hydrogène et du carbone, ou la décomposition des explosifs, se continuent une fois amorcées.

D’autres restrictions apparaissent encore lorsque l’on étudie les lois qui président à la circulation et aux mutations de l’énergie calorifique, et la plus importante tient à la condition d’impossibilité où elle est de se transporter d’un corps à température plus basse sur un corps à température plus élevée. Au total et par suite de toutes ces restrictions, l’énergie calorifique est une variété imparfaite de l’énergie universelle, ou, comme disent les Anglais, une forme dégradée.

Au contraire, l’énergie électrique représente une forme perfectionnée et infiniment avantageuse de cette même énergie universelle, et c’est là ce qui explique l’immense développement qu’en moins d’un siècle ont pu prendre ses applications industrielles. Ce n’est pas qu’elle soit mieux connue que les autres dans son essence et dans l’intimité de son action ; au contraire ! On discute encore sur sa nature : pour les uns, l’électricité qui se