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s’adresse l’industrie pour obtenir la chaleur, l’électricité, l’action mécanique. Dans la machine à vapeur, par exemple, le travail recueilli vient d’une combustion du charbon par l’oxygène de l’air ; celle-ci donne naissance à la chaleur qui vaporise l’eau, développe la tension de la vapeur, et finalement produit le déplacement du piston. On pourrait réduire la théorie de la machine à vapeur à ces deux propositions : l’activité chimique engendre la chaleur ; la chaleur engendre le mouvement ; ou, pour employer le langage dont le lecteur commence sans doute à prendre l’habitude, l’énergie chimique se transforme en énergie calorifique et celle-ci en énergie mécanique ; c’est une série d’avatars et de changemens à vue. Et toujours l’échange se fait à un taux réglé par des chiffres rigides.

La connaissance de l’énergie chimique est moins avancée que celle des énergies de la chaleur et du mouvement sensible. On n’en est pas encore aux vérifications numériques. On ne peut donc qu’affirmer, mais sans l’appuyer de déterminations de nombres, l’équivalence entre l’énergie chimique et l’énergie calorifique, parce que l’on ne sait pas encore, dans l’état actuel de la science, mesurer directement l’énergie chimique. Les autres énergies connues sont toujours le produit de deux facteurs : l’énergie mécanique de position ou travail se mesure au moyen du produit de la force par le déplacement : l’énergie mécanique de mouvement se mesure au moyen de la masse par le carré de la vitesse ; l’énergie calorifique s’évalue par le produit de la température et de la chaleur spécifique, l’énergie électrique par le produit de la quantité d’électricité et de la force électro-motrice. Pour ce qui est de l’énergie chimique, on soupçonne qu’elle pourrait s’évaluer directement, selon le système de Berthollet repris par les chimistes norvégiens Guldberg et Waage, au moyen du produit des masses par une force ou coefficient d’affinité qui dépend de la nature des substances mises en présence, de la température, et des autres circonstances physiques de la réaction. D’un autre côté, les admirables recherches de M. Berthelot permettent dans la plupart des cas d’en avoir une évaluation indirecte par la mesure de la chaleur équivalente.

Il est intéressant de signaler que l’énergie chimique peut être envisagée, elle aussi, sous les deux états d’énergie potentielle et d’énergie réelle. Le système charbon-oxygène, pour brûler dans le foyer de la machine à vapeur, a besoin d’être amorcé par un