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c’est l’ébullition d’une masse d’eau produite par le foret, observée par Rumford dès 1790, pendant la fabrication des canons de bronze ; c’est l’échauffement du métal qu’on bat sur l’enclume ; c’est l’élévation de température, poussée jusqu’à la fusion, de la balle de plomb qui vient s’aplatir contre l’obstacle résistant ; c’est enfin et en un symbole, l’origine du feu dans la fable de Prométhée, au moyen du frottement de ces morceaux de bois que les Hindous appellent encore prâmanthâ. Il y a une corrélation constante entre ces phénomènes de chaleur et de mouvement, corrélation qui est devenue évidente, dès que les observateurs ont cessé de se restreindre à la constatation du fait isolé. Il n’y a donc jamais de destruction réelle au vrai sens du mot ; ce qui s’évanouit sous une forme se remontre sous une autre ; on a l’impression que quelque chose d’indestructible se fait voir sous des déguisemens successifs. On traduit cette impression en disant que l’énergie mécanique s’est métamorphosée en énergie calorifique.

L’interprétation prend un caractère de précision saisissant qui l’impose tout à fait à l’esprit, lorsque la physique applique à ces mutations l’exactitude presque absolue de ses mesures. On constate alors que le taux de l’échange est invariable ; les transformations de chaleur en mouvement et réciproquement s’accomplissent suivant une loi numérique rigoureuse qui fait correspondre exactement la quantité de l’un à la quantité de l’autre. L’effet mécanique s’évalue, comme nous l’avons dit, en travail, c’est-à-dire en kilogrammètres : la chaleur se mesure en calories, la calorie étant la quantité de chaleur nécessaire pour élever de 0° à 1° un kilogramme d’eau (grande calorie), ou 1 gramme d’eau (petite calorie). On constate que, quels que soient les corps et les phénomènes qui servent d’intermédiaires pour opérer la transformation, il faut toujours dépenser 425 kilogrammètres pour créer une calorie, ou dépenser 0cal, 00234 pour créer un kilogrammètre. Le nombre 425 est l’équivalent mécanique de la calorie, ou, comme on le dit inexactement, de la chaleur. Et c’est ce fait constant qui constitue le principe de l’équivalence de la chaleur et du travail mécanique.


On ne sait pas encore actuellement mesurer l’activité chimique d’une manière directe. Mais on sait que l’action chimique peut engendrer toutes les autres modalités phénoménales. Elle en est la source la plus ordinaire, et c’est à elle que pratiquement