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sa parole et de ses votes le loi sur les accidens du travail[1] et réussit dans la même année à faire adopter une disposition de loi sur l’arbitrage complétant l’Act Mundella de 1872.

Cette loi dont il a été tant parlé depuis quelques semaines est très courte, elle se compose de deux articles. Elle permet en cas de grève au président du Board of Trade d’intervenir : soit d’office, pour proposer l’arbitrage et inviter les parties à choisir des arbitres ; soit à la requête d’une des parties, pour mettre l’autre partie en demeure de s’expliquer ; soit encore, à la requête des deux parties, pour désigner un ou plusieurs arbitres, si elles n’ont pu se mettre d’accord sur les personnes.

Dans la grève actuelle, toutes les éventualités se sont produites. C’est d’abord un industriel qui s’est offert spontanément et que les patrons ont refusé après avoir été mis en demeure par les ouvriers. Puis c’est le président du Board of Trade, M. Richtie, qui, à deux reprises, a offert, soit de remplir le rôle d’arbitre, soit de désigner M. Llevillyan Smith du Labour department.

On comprend l’importance de cette loi : quand l’arbitrage échoue, il n’y a que deux solutions : l’écrasement d’un des partis par l’autre ou l’intervention directe de l’État. Dans les derniers temps, Mundella penchait visiblement pour l’intervention de l’État et aurait voulu rendre l’arbitrage obligatoire. L’attitude actuelle des patrons prouve qu’en pareille matière, cette solution aurait peu de chances de réussir.

Ce fut le dernier acte de sa vie politique. Sa santé, déjà plusieurs fois compromise par les excès de travail, allait s’affaiblissant. Au mois de juillet dernier, il fut frappé d’apoplexie et s’éteignit doucement après quelques jours de maladie. Il avait eu avant sa mort la satisfaction de constater le succès de son œuvre et de voir la rapide extension des Conseils d’arbitrage et de conciliation.

Nous n’avons pu en faire ici l’historique, même succinct, mais on sait qu’il existe maintenant dans presque toutes les branches de l’industrie anglaise des Joint Boards, Joint Commutees, constitués sur le modèle de celui de Nottingham. En 1892, grâce à l’invitation de M. Mundella, j’ai pu assister à quelques séances de l’enquête royale du travail et entendre l’éloge de ces Conseils d’arbitrage fait par les plus grands industriels de l’Angleterre et par les délégués

  1. Promulguée le 6 août 1897.