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préciser davantage, dans la chromatine de ce noyau. Ces substances et quelques substances voisines présentent la propriété refusée aux composés ferrugineux minéraux d’être parfaitement absorbables. La paroi de l’intestin leur est perméable du dehors au dedans. Elles constituent le fer alimentaire. Tous les alimens empruntés aux règnes végétal et animal en renferment une petite proportion, et celle-ci suffit parfaitement aux besoins de l’organisme. Le lait en renferme très peu ; le jaune d’œuf au contraire en contient une quantité abondante : on lui a donné le nom d’hématogène.

L’hématogène, les nucléo-albumines, quelques autres substances voisines mais déjà plus simples, voilà, en somme, ce qui constituerait l’aliment fer indispensable à la vie animale. C’est de là que serait tiré le fer du sang, et celui des tissus. Il n’y a pas à en douter. Le seul point qui exige quelques éclaircissemens est relatif aux limites où doit s’arrêter cette classe de substances. Il semble, dès à présent, que Bunge l’ait trop restreinte et que l’on doive y introduira quelques composés organiques intermédiaires entre les deux catégories trop nettement tranchées qui constituent le fer minéral et le fer organique, si caractérisées en ce que la première donne les réactions des sels de fer et que la seconde ne les donne pas. Les composas organiques qui sont, connus sous les noms de ferratine, de ferrine, de protéosates et de peptonates de fer, seraient eux aussi des formes plus ou moins absorbables et utilisables, c’est-à-dire des formes alimentaires du fer.

On conçoit donc que l’industrie pharmaceutique, négligeant désormais toutes les préparations martiales qui ont encombré pendant des siècles les antiques officines, s’applique maintenant à développer ces nouveaux produits, alimens et médicamens tout à la fois, qui semblent par-là réaliser le vœu de la médecine curative et préventive.

Ces préparations nouvelles, qui ne diffèrent pas sensiblement de celles que la nature nous offre toutes formées dans l’alimentation régulière, sont exposées pourtant à des accidens divers capables de les détruire. Les combinaisons sulfurées et l’hydrogène butyrique qui se produisent dans le canal alimentaire, en cas de troubles digestifs, réduisent ces substances et les dépouillent de leur fer. Cela arrive particulièrement chez les chlorotiques dont la digestion est généralement troublée, et cette suppression du fer alimentaire rend compte de l’appauvrissement de leur sang.