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J’ai entendu plusieurs personnes affirmer qu’avant ce décret, aucun travail de valeur n’avait été exécuté à l’Ecole. Elles ajoutaient que ce décret d’août 1850, comme l’arrêté du 26 janvier précédent, avait tracé un programme où toutes les questions posées étaient nouvelles. Rien n’est plus inexact. Hanriot par son ouvrage sur les dèmes de l’Attique, Emile Burnouf par sa carte d’Athènes et sa description de l’isthme de Corinthe, E. Gandar par l’étude de l’Ithaque d’Ulysse, avaient ouvert les routes de la géographie et de la topographie ; bien plus, ils y avaient fait de grands pas. Or, que demanda tout d’abord l’Institut aux membres de l’Ecole, que leur prescrivit-il pendant de longues années ? Précisément l’exploration géographique, topographique et historique d’un pays déterminé, c’est-à-dire la continuation des études antérieures, mais en procédant désormais à de plus grandes distances, avec de plus larges développemens, et un redoublement de soins attentifs dans les investigations sur place et dans l’emploi des textes. Le nouveau programme agrandissait la tâche ; il ne la créait pas. Toutes les formules officielles de l’Académie attestent ce lien de ce qui a suivi à ce qui avait précédé. Que l’on ouvre au hasard ces rapports que M. Guigniaut lisait publiquement chaque année, on rencontre des paragraphes tels que ceux-ci : — Décrire l’île de Lesbos… — Explorer la contrée comprise entre le Pénée, le golfe Thermaïque, l’Haliacmon, et les chaînes qui séparent l’Epire de la Grèce orientale… — Recueillir en un corps d’ouvrage tout ce que les anciens ont rapporté de relatif à l’histoire, aux institutions religieuses et politiques, générales ou particulières, aux mœurs et coutumes des peuples de l’antique Arcadie. — Si j’écrivais ici une histoire générale de l’Ecole d’Athènes, je déroulerais la riche série d’ouvrages que suscita cette direction supérieure de l’Académie des Inscriptions, même en ne comptant que les mémoires de géographie et de topographie. Mais je ne parle que des deux premières années et des relations scientifiques, incontestables, quoique parfois contestées, qui, les rattachant aux promotions suivantes, en forment une seule chaîne, ou, si l’on veut, un seul être collectif qui a grandi plus ou moins vite, mais sans arrêt depuis sa naissance.

Entre les deux premières promotions et la quatrième, il y a eu un chaînon brillant et fort : c’est M. Jules Girard. Son mémoire sur l’île d’Eubée marque une date. Il l’a lui-même caractérisé en ces termes : « Il faut prendre ce mémoire entier surtout