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à son procès. Lu à Athènes, surtout par un savant ou par un curieux du genre d’Hanriot, il soulèvera la question de la topographie des dèmes, de leur situation par rapport à Athènes et dans Athènes, de leur étendue, de leur nombre. Le dème est une partie déterminée du territoire d’un État : c’est une commune, ayant le double caractère d’une association et d’une division administrative. Ce premier caractère, elle l’eut dès l’origine, dès que plusieurs familles se furent groupées en un même endroit pour y vivre en commun ; le second, elle l’acquit dans la suite, il lui fut imposé. En Attique, il existait des dèmes avant Clisthène ; il en existait au temps de Solon et sans doute bien avant lui. Ce fut Clisthène qui leur donna le rôle et l’importance qu’ils gardèrent, sans le moindre changement, dans toute la suite de l’histoire grecque. Il fallut d’abord leur assigner des limites précises, aussi bien dans Athènes, puisqu’elle fut également divisée en un certain nombre de dèmes, que dans la campagne : les limites des dèmes urbains étaient inscrites sur des registres publics. Les limites une fois déterminées, des noms furent donnés aux dèmes, et ce fut Clisthène qui les nomma, les uns d’après les lieux qu’ils occupaient, les autres d’après les familles qui y résidaient. Enfin les dèmes furent répartis dans les dix tribus que créa Clisthène. A chacune des dix tribus Clisthène assigna dix dèmes : il y eut donc cent dèmes à l’origine. Le nombre s’en accrut dans la suite. Quoique faisant désormais partie intégrante de la cité, les dèmes demeurèrent des associations indépendantes, vivant de leur vie propre et s’administrant elles-mêmes. La vie municipale en Attique n’eut pas désormais d’autres foyers. J’emprunte ces notions essentielles à l’article Dème du Dictionnaire des Antiquités de Ch. Daremberg et Edm. Saglio. Le fascicule qui le contient est daté de 1888, et est, par conséquent, postérieur de trente-cinq ans à la thèse d’Hanriot, soutenue en 1853. L’article du dictionnaire est un travail tout à fait remarquable et éminemment solide de M. B. Haussoullier, membre très distingué de l’Ecole d’Athènes. L’érudition, pendant ces trente-cinq années, avait marché à pas de géant. Néanmoins, on va voir ce que, dès 1853, valait l’ouvrage de Ch. Hanriot.

Ses Recherches sur la topographie des dèmes de l’Attique constituent une monographie qui est le résultat d’une exploration prolongée et attentive des diverses parties de l’Attique. Hanriot avait à cœur de rectifier les assertions, sur la géographie de cette