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positions, il l’attaquera. Le terrain ainsi reconnu ou déblayé à l’Est, il rejoindra avec la réserve, rappelée de Fleurus où elle aura été provisoirement postée, Ney et l’aile gauche aux Quatre-Bras. De là, il marchera sur Bruxelles par une étape de nuit. Il compte que la tête de colonne pourra arriver à Bruxelles le 17 juin à 7 heures du matin.

Les ordres pour l’exécution de ce double mouvement furent envoyés par le major-général entre 7 et 8 heures du matin : ordre à Kellermann de se diriger sur Gosselies pour y être à la disposition du maréchal Ney ; ordre à Drouot de mettre en marche la garde vers Fleurus : ordre à Lobau de faire avancer le 6e corps à mi-chemin de Charleroi et de Fleurus ; ordres à Vandamme et à Gérard de marcher sur Sombreffe avec les 3e et 4e corps, et de suivre désormais les instructions du maréchal Grouchy, commandant de l’aile droite. Soult écrivit à Ney de prendre position aux Quatre-Bras avec six divisions d’infanterie et les cuirassiers de Kellermann et de porter ses deux autres divisions d’infanterie ; l’une à Genappe (2 lieues au-delà des Quatre-Bras) avec la cavalerie de Piré ; l’autre, destinée à appuyer éventuellement les mouvemens de l’aile droite, à Marbais avec la cavalerie de Lefebvre-Desnouëttes. Ney devait enfin pousser des reconnaissances le plus avant possible sur les routes de Nivelles et de Bruxelles. Quant à Grouchy, il reçut l’ordre d’aller s’établir à Sombreffe, et d’envoyer de là une avant-garde à Gembloux et des reconnaissances dans toutes les directions.


II

On s’occupait au quartier impérial de l’expédition de ces ordres, lorsque l’Empereur reçut un billet de Grouchy, portant que de fortes colonnes ennemies, qui paraissaient déboucher de la route de Namur, se dirigeaient vers Brye et Saint-Amand. Tout en croyant les Prussiens en retraite, Napoléon avait admis l’hypothèse d’une affaire à Gembloux et même à Sombreffe, mais il n’avait nullement pensé qu’ils viendraient prendre position aux débouchés de Fleurus. Ce mouvement indiquait que, loin de replier ses troupes et de s’éloigner de l’armée anglaise, comme la direction de retraite de ses avant-postes l’avait pu faire croire la veille, Blücher manœuvrait en vue d’une bataille pour le jour même et d’une liaison avec Wellington. Au lieu d’une arrière-garde ou d’un corps isolé