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commençaient leur mouvement, arriva le maréchal Ney avec la cavalerie légère de la garde qu’il avait rejointe en route. La division Steinmetz s’était déjà mise en retraite vers Ligny. Gosselies fut occupé après un léger combat contre l’arrière-garde prussienne.

Au lieu de continuer sa marche sur la route de Bruxelles, Ney, jugeant sans doute qu’il s’était déjà trop avancé par rapport à l’aile droite de l’armée, prit une position d’attente. Il établit les quatre divisions d’infanterie de Reille autour de Gosselies et déploya toute sa cavalerie en avant de ce village. Cependant des scrupules lui vinrent, car il avait l’ordre formel de l’Empereur de pousser l’ennemi. Pour y obéir dans la plus petite mesure possible il détacha vers les Quatre-Bras les lanciers et les chasseurs de la garde ; quelques instans après, il dirigea sur Mellet, point intermédiaire entre les Quatre-Bras et Gosselies, la division Bachelu et la cavalerie légère de Piré.

Arrivés un peu avant 5 heures en vue de Frasnes, les lanciers de la garde furent reçus à coups de canon. Le village était occupé par un bataillon de Nassau et une batterie à cheval commandés par le major Normann. Cet officier, laissé sans aucune instruction, avait entendu la canonnade de Gosselies et pris aussitôt des dispositions pour défendre bravement son poste. Lefebvre-Desnouëttes fit incontinent demander quelque infanterie. Un bataillon du 2e léger, tête de colonne de la division Bachelu, parvenu à la hauteur de Mellet, continua sa route vers Frasnes. Les tirailleurs ouvrirent le feu contre les Nassaviens. En attendant ce renfort, Lefebvre-Desnouëttes avait dirigé une partie des lanciers sur la droite de Frasnes, de façon à tourner l’ennemi. L’escadron de l’île d’Elbe (Polonais), commandé par le général Edouard de Colbert en personne, poussa jusqu’aux Quatre-Bras qui n’étaient pas occupés. Mais se trouvant sans soutien, fort loin du gros de sa division, Colbert revint près de Frasnes. Dans l’intervalle, le bataillon du major Normann s’était replié sur la route en maintenant toujours les Français à petite portée de canon. Il prit position sur la lisière du bois de Bossu, à 2 kilomètres en avant des Quatre-Bras, où arrivait au même instant le prince Bernard de Saxe-Weimar avec quatre bataillons de Nassau. Prévenu fortuitement à Genappe du passage de la Sambre par les Français, ce jeune prince avait, de son chef, mis ses troupes en marche pour aller occuper cet important point stratégique.

Au bruit du canon, le maréchal Ney avait rejoint son