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autres bibliothèques, ou dans les offices bibliographiques qui recevront le catalogue, et nous allons voir le parti que l’on en pourra tirer.

Remontons, pour un instant, de cent ans en arrière. « L’Assemblée constituante, disent MM. V. et Ch. Mortet, en réunissant au domaine de l’Etat les biens des corporations religieuses et laïques, avait amassé à Paris et dans les principales villes des départemens une immense quantité de livres imprimés et manuscrits. » On résolut d’en faire l’inventaire et l’on eut l’idée de faire servir ce gigantesque travail à un catalogue général de toutes les bibliothèques de France. Le vaste catalogue collectif que l’on espérait ainsi former, et que l’on qualifiait de « Bibliographie générale et raisonnée de la France », devait être imprimé en une cinquantaine de volumes in-folio, selon le calcul approximatif fait dès lors.

L’Assemblée législative et la Convention continuèrent de veiller sur l’œuvre entreprise. En 1794, Grégoire, évêque constitutionnel de Blois, présentait à la Convention son rapport sur la Bibliographie. 1 200 000 cartes, correspondant à 3 millions de volumes, étaient parvenues au comité. Ce chiffre représentait environ le tiers de l’ensemble général. Nous estimerions aujourd’hui que le travail marchait avec une rapidité merveilleuse ; les hommes de ce temps trouvaient qu’il n’avançait pas. Cependant Grégoire ne perdait pas espoir. De nouvelles instructions furent expédiées aux rédacteurs des catalogues. « Tous les titres des livres, dit Grégoire, se rectifient mutuellement par la confrontation ; toutes les cartes des catalogues partiels s’intercalent pour former un catalogue général. » Combien il est à regretter que cette œuvre, si bien et si pratiquement comprise, n’ait pu être exécutée à cause des désordres du temps !

Les conceptions des comités nommés par les assemblées révolutionnaires sont reprises aujourd’hui et elles seront sans aucun doute exécutées. « Une proposition plus étendue, dit M. Georges Picot dans son rapport sur le catalogue des imprimés de la Bibliothèque nationale, a été soumise à la commission. Il s’agissait de rattacher au catalogue celui des autres collections existant à Paris et de le transformer ainsi en un inventaire encyclopédique des richesses bibliographiques accumulées dans les bibliothèques de l’État. » M. Ferdinand Bonnange, qui s’est fait connaître par bien des idées ingénieuses aujourd’hui appliquées