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II

Telle étant la situation, il n’est pas surprenant que, depuis plusieurs années, les congrès bibliographiques se soient multipliés et aient, de plus en plus, attiré l’attention, non seulement des spécialistes, mais encore de nombreux savans, des éditeurs, des directeurs de revues et de journaux, et, bientôt, des gouvernemens eux-mêmes. À la suite des vœux émis, pour la première fois, croyons-nous, par l’Académie royale de Belgique, et qui furent discutés d’une manière attentive à la première Conférence internationale de Bruxelles (2-4 septembre 1895), le problème bibliographique fut posé dans toute son ampleur.

Des délibérations de la Conférence sortit la création d’un Office international de bibliographie fondé à Bruxelles par le gouvernement belge (Arrêté royal du 12 septembre 1895).

Les décisions du Congrès de l’Association artistique et littéraire internationale, tenu à Dresde les 21-28 septembre 1895, confirmèrent les conclusions générales de la Conférence de Bruxelles et leur donnèrent le plus grand retentissement. La question d’un « Répertoire complet, universel et international, embrassant toutes les productions de l’imprimerie depuis qu’elle est inventée » était posée. La porte, il est vrai, était ouverte, par le fait, à des discussions infinies qui ne sont pas encore apaisées ; mais au moins les efforts du jeune Office de Bruxelles recevaient-ils le plus précieux encouragement.

Un principe, en outre, était définitivement fixé : la nécessité, dans le domaine bibliographique, de la coopération internationale. On reconnut que, non seulement un homme isolé, mais un Office même, ou même une grande corporation scientifique, n’avait pas la puissance de réaliser l’œuvre désirée ; qu’il y fallait, coordonnant les efforts isolés, l’union des différens pays entre eux. On songea qu’il existait un Bureau international des poids et mesures, un Bureau de l’Union postale universelle, des Offices internationaux pour la protection des œuvres artistiques et littéraires, d’autres encore ; pourquoi ne créerait-on pas des bureaux internationaux pour le travail bibliographique ?

Dans cet ordre d’idées, un pas décisif fut fait au Congrès international pour la bibliographie des sciences mathématiques, qui s’est réuni à Londres, à Burlington-House, le siège de la célèbre Royal