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a, depuis le XIVe siècle, suscité l’émulation parmi les savans. Nous nous trouvons aujourd’hui en présence de 130 systèmes de classement différens.

À peine est-il besoin d’ajouter que l’on n’est d’accord sur aucun d’eux. Nous sommes également loin, malgré les efforts faits, de posséder une bibliographie universelle. Enfin la masse énorme de bibliographies spéciales, publiées sur les sujets les plus divers, selon les plans et avec des dimensions infiniment variables, œuvres, d’ailleurs, de valeur très inégale, tend à augmenter l’encombrement.

Le problème bibliographique existe donc. Depuis quelques années surtout, on s’en préoccupe de toutes parts et on s’en occupe activement. La solution en est urgente, de jour en jour plus urgente, pour plusieurs causes que nous allons essayer de préciser. De jour en jour, la production littéraire et scientifique croît dans les plus surprenantes proportions. En 1811, il entrait annuellement 2 000 livres environ à la Bibliothèque nationale, actuellement il y en entre 60 000. La Bibliotheca philologica de Blau publie en moyenne tous les ans 5 600 titres de livres ou brochures se rapportant tous à la philologie classique et à la philologie des langues occidentales. L’Orientalische Bibliographie de Sherman et Kuhn, qui ne s’occupe que des études scientifiques sur l’Orient, réunit une moyenne de 6 000 notices par an. La Bibliotheca theologica de Gustave Ruprecht classe, d’une année à l’autre, environ 4 000 titres. La Bibliotheca geographica de Baschin, publiée sous les auspices de la Société de géographie de Berlin, donne annuellement près de 7 000 notices. Et la progression est constante. Il est de toute évidence que, quelle que soit la question qu’un écrivain veuille traiter, il doit être au courant des travaux qui ont été publiés avant lui sur le sujet qui l’intéresse, non seulement pour pouvoir profiter de ce qui a été découvert et pensé avant lui et ne pas risquer de faire une étude incomplète, mais encore pour s’épargner la peine de repasser laborieusement par un chemin où il avancerait à grands pas en le trouvant frayé par ses prédécesseurs.

La difficulté et la nécessité de l’œuvre bibliographique sont encore accrues par ce fait que, non seulement la production augmente, mais que, d’année en année, elle va de plus en plus se fragmentant, se dispersant en une foule de revues, de plaquettes, de notices lues à des Académies et à des Congrès, voire d’articles publiés dans les journaux quotidiens. Jadis l’œuvre d’un homme