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d’après les devis des ingénieurs, recevoir 20 000 navires ; il en a vu transiter 22 000, la seconde année de son exploitation.

Le canal d’Amsterdam, fait aussi par l’État, de même que le canal de Saint-Pétersbourg, fonctionne parfaitement, au grand bénéfice des négocians. Des améliorations ont été faites pour que les grands navires puissent arriver à Hambourg ; le tonnage y a atteint plus de 8 millions de tonnes. A Rotterdam, le contingent de 1896 s’est élevé au chiffre fabuleux de 16 millions de tonnes.

La conséquence de l’amélioration des estuaires, du creusement du lit des fleuves, a été partout la même ; nous avons vu, d’ailleurs, Rouen quadrupler son trafic, à la suite des travaux de la basse-Seine.

Quant aux œuvres en préparation, elles sont nombreuses ; les plans de Bruxelles port de mer sont approuvés ; les travaux vont commencer.

On veut aussi galvaniser la vieille cité de Bruges. Partout, du côté de notre frontière du Nord comme du côté du Rhin, le mouvement s’accuse pour faciliter l’introduction des matières premières et la sortie de celles ouvrées.

En Amérique, c’est sur une échelle beaucoup plus vaste que se poursuit cette évolution. Le tonnage de la région des lacs dépasse le chiffre de 63 millions et des navires de 2 500 tonnes à 3 000 tonnes y naviguent, offrant des frets au prix de un vingtième de centime par tonne et par kilomètre. A cet énorme mouvement, les Américains veulent avoir une issue à la mer, et dans cette intention ils portent à 6m,10 le canal qui conduit au Saint-Laurent. A Sault-Sainte-Marie, une des étapes de cette voie, il a passé déjà, en 1895, 16 millions de tonneaux, portés par 12 495 vapeurs et 4 700 navires à voiles.

De toutes parts, nous constatons une progression considérable dans les trafics et, comme conséquence de l’augmentation du tonnage des ports étrangers de la mer du Nord, une diminution chez plusieurs des nôtres. Nos marchandises vont où le fret est le moins élevé, où les départs sont fréquens et réguliers, et nos voisins encouragent cette émigration de nos produits, en réduisant les tarifs de leurs voies ferrées et de leurs canaux. C’est pour parer à un véritable danger que nous demandons la création de Paris port de mer.


BOUQUET DE LA GRYE.