Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 144.djvu/608

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


AUX FLANCS DU VASE




I. — LE REPAS PRÉPARÉ




Ma fille, lève-toi ; dépose là ta laine.
Le maître va rentrer ; sur la table de chêne,
Que recouvre la nappe aux plis étincelans,
Mets la faïence claire et les verres brillans.
Dans la coupe arrondie à l’anse en col de cygne
Pose les fruits choisis sur des feuilles de vigne :
Les pêches qu’un velours fragile couvre encor,
Et les lourds raisins bleus mêlés aux raisins d’or.
Que le pain bien coupé remplisse les corbeilles ;
Et puis ferme la porte, et chasse les abeilles.
Dehors le soleil brûle, et la muraille cuit ;
Rapprochons les volets ; faisons presque la nuit,
Afin qu’ainsi la salle, aux ténèbres plongée.
S’embaume toute aux fruits dont la table est chargée.
Maintenant, va chercher l’eau fraîche dans la cour,
Et veille que surtout la cruche, à ton retour.
Garde longtemps, glacée et lentement fondue,
Une vapeur légère à ses flancs suspendue.



II. — AMYMONE



Amymone en ses bras a pris sa tourterelle,
Et, la serrant toujours plus doucement contre elle.
Se plaît à voir l’oiseau, docile à son désir.
Entre ses jeunes seins roucouler de plaisir ;

Même elle veut aussi que son bec moins farouche
Pique les grains posés sur le bord de sa bouche.
Puis, inclinant la joue au plumage neigeux,
Et toujours plus câline et plus tendre en ses jeux.
Elle caresse au long des plumes son visage,
Et sourit, en frôlant son épaule au passage.