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REVUE MUSICALE

RQUELQUES CHANSONS

M. Camille Erlanger : Six poèmes russes, mis en vers français par M. Catulle Mendès ; Paris, Paul Dupont. — M. Reynaldo Hahn : Mélodies. — Chansons grises (poésies de Paul Verlaine) ; Paris, Heugel et Cie. — M. Gustave Charpentier : Les Fleurs du mal (poésies de Baudelaire) ; Paris, Heugel et Cie. — Poèmes chantés ; Paris, II. Tellier. — M. Debussy : Proses lyriques ; Paris, Eug. Fromont. — M. G. Fauré : Mélodies (1er recueil) ; Paris, Mamelle. — Poème d’un jour ; Paris, Durand et fils. — La Bonne Chanson (poésies de Paul Verlaine) ; Paris, Hamelle.

Je les avais prises avec moi pour charmer une fin d’été, quelques semaines de repos au bord d’un lac, en un pays de solitude et de silence. Romances, lieder ou mélodies, peu importe le nom, je croyais que cela devait toujours être quelque chose de simple, de naturel, et, comme le miel et le lait de la montagne, un aliment subtil et une pâture légère. J’avais trop espéré. L’appareil et l’attirail inutile, la prétention et l’embarras, le maniérisme et l’excentricité, tout ce qui gâte aujourd’hui des œuvres plus considérables, alourdit et complique un trop grand nombre de ces opuscules ; et le mal dont souffre la musique entière a gagné même les chansons.

Non pas toutes, par bonheur : Hamlet, en ses plus sombres jours, ne prétendait point que tout fût pourri dans le royaume de Danemark. Des Six poèmes russes de M. Erlanger, deux au moins, l’Aubade et Fédia, sont excellens avec simplicité. On doute parfois que les jeunes, les audacieux, apportent une « note » nouvelle ; on se plaint de ne pas très bien distinguer ce que la musique peut devoir à leur jeunesse et à leur audace. Ici peut-être, et d’abord en cette Aubade, qui n’est qu’un joyeux cri d’amour, on apercevrait quelque nouveauté. Oh ! rien de