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1871, la natalité y est tombée à 38 en 1881, puis à 29 en 4894 et à 27 en 1895, quoique la Nouvelle-Zélande ait échappé à la crise économique qui a sévi, il y a trois ou quatre ans, sur l’Australie proprement dite.

La diminution de la fécondité chez les nations civilisées, dans le temps récent et le temps présent, par rapport au commencement ou au milieu de ce siècle, peut donc être regardée comme un fait général, sinon universel. Il n’y a guère qu’une exception, et c’est une contrée qui, tout en appartenant à la civilisation moderne par ses hautes classes, n’en fait pas partie en ce qui concerne les habitudes et l’état mental de la grande masse de sa population, la Russie. Quelles sont les causes de cet affaiblissement général ?


IV

Ces causes sont de nature diverse : on doit écarter, comme tout au moins incertaines et mystérieuses, les causes physiologiques. Il est possible, sans doute, que le développement excessif de la nervosité chez les hommes et chez les femmes, ainsi que le travail, cérébral atténuent dans une certaine mesure la fécondité ; il y a même bien des probabilités pour qu’il en soit ainsi. Néanmoins, comme la grande masse de la population des nations civilisées n’est pas soumise au degré de tension nerveuse des classes supérieures, cette cause physiologique ne peut avoir qu’une action limitée, si l’on considère une grande nation dans son ensemble.

Une autre cause qui tient au développement intellectuel et social peut avoir plus d’action : un grand nombre de jouissances diverses et de plaisirs de l’ordre le plus varié fait, en une certaine mesure, concurrence dans les classes éclairées des nations civilisées au plaisir élémentaire des relations sexuelles. Il est impossible de considérer cette circonstance comme absolument négligeable ; chez les femmes surtout, elle prend une grande importance ; nombre de jeunes filles, dans toutes les classes de la population, se résignent, au célibat ou même le choisissent, parce que la vie de plus en plus indépendante et variée que leur assure la civilisation moderne leur suffit ; ou, si elles consentent au mariage, ce n’est qu’à une époque plus avancée de la vie. Cette cause a certainement une influence sensible sur la