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de près de 10 pour 100 par rapport à la période de 1871 à 1880. Il n’en va pas autrement de la Suisse : ce petit et florissant pays avait dans la période de 1874-1879 une natalité annuelle moyenne de 31 pour 1 000 environ qui, pour n’être pas très forte, n’était cependant pas médiocre. Graduellement, elle s’est réduite et pour l’ensemble de la période de 1886 à 1894 elle atteint à peine 28 pour 1 000. Ce ne sont pas là des décroissances insignifiantes ni accidentelles.

Le plus grand et le plus saisissant changement (la France étant laissée de côté) est offert par le Royaume-Uni d’Angleterre et d’Irlande. Le pays qui a témoigné d’un si énorme accroissement de population depuis le commencement de ce siècle est actuellement dans une voie de natalité sensiblement décroissante ; certes, le taux en reste encore assez satisfaisant, surtout si on le compare à celui de la France ; mais il est singulièrement inférieur non seulement au taux du commencement de ce siècle, mais même au taux d’il y a 20 ou 25 ans. De 1874 à 1876, la natalité dans l’Angleterre proprement dite et dans le pays de Galles était de 36, 4 en moyenne par 1 000 habitans, en Écosse de 35, 5 et en Irlande de 26, 5 ; le taux si faible dans ce dernier pays venait de l’émigration des jeunes gens ; graduellement, par étapes de recul qui montrent une certaine régularité, on est tombé à 30, 5 environ pour 1 000 pour l’Angleterre proprement dite et l’Écosse, et à moins de 23 pour 1 000 en ce qui concerne l’Irlande. Le Royaume-Uni tout entier, si l’on considère les cinq dernières années (1891-1895), ne donne plus qu’une natalité moyenne de 29, 6 pour 1 000. Ici la décroissance du taux de natalité est considérable ; elle atteint presque 20 pour 1 000 en vingt ans.

On dira, sans doute, que ce taux de 29, 6 pour 1 000 est encore respectable, surtout si on le rapproche du taux français qui n’est maintenant que de 22 et demi environ ; nous n’en disconvenons pas. Mais le fait d’une décroissance considérable et quasi continue du taux de la natalité britannique depuis un quart de siècle n’on reste pas moins indéniable. Ce qui masque ce phénomène aux yeux de beaucoup de gens, c’est que le chiffre absolu des naissances dans la Grande-Bretagne n’a pas encore diminué et que jusqu’à ce jour c’est seulement le taux de la natalité qui se réduit ; c’est aussi que les naissances demeurent encore chaque année très supérieures aux décès. Quand on dit que le chiffre