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différentes, on peut en joindre un troisième qui ne traite la question de la population qu’accessoirement, mais qui est plein de verve et de profondeur : L’Avenir de la race blanche, critique du socialisme contemporain, par M. J. Novicow. L’auteur, dont la tendance générale est assez analogue à celle de M. de Molinari, dissipe avec beaucoup de force les terreurs qu’entretiennent quelques littérateurs sur la prochaine dévolution aux jaunes ou aux noirs de l’hégémonie civilisatrice qui jusqu’ici a appartenu aux blancs ; il y fait une saisissante réfutation de l’excès des craintes de certains publicistes à ce sujet. On peut seulement se demander si sa foi illimitée dans le progrès de l’humanité ne l’entraîne pas à quelques exagérations ; car, en admettant que le génie humain, dans son ensemble, ne cesse de monter vers la lumière et le bien-être, il n’en résulterait pas nécessairement que telle nation particulière ou tel groupe de nations ne pût subir une déchéance absolue ou relative.

Parmi les travaux récens de moindre envergure, mais offrant aussi de l’intérêt, soit par les conclusions, soit par la situation de leurs auteurs, on peut citer : L’Accroissement de la population et ses effets dans l’avenir, par le général Brialmont, l’ingénieur militaire belge bien connu, qui, dans un discours prononcé à la classe des sciences de l’Académie royale de Belgique, au mois de décembre dernier, prévoit l’encombrement prochain du globe dans deux ou trois siècles et s’en alarme. La Fin de l’humanité, de M. le marquis de Nadaillac, est une réponse pleine d’optimisme au général Brialmont ; l’auteur, tout en gémissant sur le ralentissement de la population en France qu’il considère comme un phénomène exceptionnel, tout en supputant que la Russie à elle seule aura 800 millions d’âmes dans un siècle, se montre sans inquiétude sur la destinée, dans quelque nombre de siècles que ce soit, des peuples qui auront obéi au précepte : « Croissez et multipliez. » Il serait injuste de ne pas mentionner également les nombreux articles et mémoires de M. Bertillon où le savant statisticien, avec quelque manque de philosophie, selon nous, croit que le cas de la France, à savoir un état de population stationnaire, sinon légèrement décroissante, est et sera perpétuellement unique dans l’humanité. S’il nous était permis de faire allusion à nos propres recherches, nous dirions que depuis bien des années le phénomène du mouvement de la population, de son très grand essor à la fin du siècle dernier et dans les trois premiers quarts