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LA QUESTION DE LA POPULATION
ET
LA CIVILISATION DÉMOCRATIQUE

Jamais on n’aura tant écrit sur le grave problème — le plus important pour l’humanité en général et pour chaque nation en particulier — de l’accroissement ou de la décroissance de la dépopulation, que depuis quelques années et surtout depuis quelques mois. Outre le grand ouvrage de M. Levasseur, l’étude la plus étendue et la plus détaillée qui ait paru sur ce sujet depuis le célèbre livre de Malthus, c’est-à-dire depuis cent ans, nous avons sous les yeux divers travaux français ou étrangers, les uns développés, les autres succincts, où la question de la population est étudiée avec une sorte de passion. Nommons : La Population et le Système social, par M. Fr.-S. Nitti, professeur à l’Université de Naples, écrivain fort érudit, habile, systématique, non dépourvu de partialité envers les doctrines ou les hommes et qui représente les économistes socialisans ; La Viriculture, de M. G. de Molinari, le très ingénieux et subtil économiste que l’on connaît, qui se complaît dans l’idée que l’économie politique pure suffit à tout, qu’elle domine à elle seule le monde, qu’elle n’a besoin d’aucun auxiliaire, que toutes les autres sciences morales sont dans sa dépendance et que la loi de l’offre et de la demande, si on la laisse opérer librement, comporte des solutions infaillibles et promptes pour toutes les difficultés sociales. Ces deux ouvrages sont étendus, le premier surtout ; il vient d’être traduit en français sous la direction de M. René Worms, secrétaire général de l’Institut international de sociologie.

À ces deux volumes écrits sous des inspirations très