Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 143.djvu/794

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autrichien, l’autre du parlement hongrois ; qui, toutes deux, se réunissent alternativement à Vienne et à Budapest, mais chacune dans son local et ne tiennent, toutes deux jointes, de séances plénières que pour essayer de trancher leurs désaccords. Pour les affaires de l’Autriche, un Reichsrath ou parlement impérial en deux Chambres : Chambre des seigneurs, Chambre des députés ; et parallèlement, pour les affaires de la Hongrie, un parlement hongrois, en deux Chambres aussi : Chambre des magnats et Chambre des députés : au total six Chambres. Mais de chacune de ces Chambres, en elle-même et à part, on ne peut pas dire qu’elle soit une unité, et toute la diversité de la monarchie s’y fait jour.

Dans chacune d’elles, chaque province, chaque nationalité a droit à tant de sièges ; sur les quarante membres que, ces jours-ci, la Chambre des députés autrichienne envoyait à la Délégation, douze représentent la Bohême, dix sont des Allemands, sept des Polonais, quatre des Italiens, le reste, des Ruthènes ou des Slovènes ; et ils sont nommés, non parce qu’ils sont tel ou tel, ni comme députés de tel ou tel parti, mais comme députés de telle ou telle nationalité : comme Tchèques, Allemands, Italiens, Ruthènes ou Slovènes. Jusque du parlement impérial, l’unité de l’empire est absente : il ne s’y rencontre pas même cette unité extérieure et inférieure, qui provient d’un mode de recrutement identique ; puisque la loi électorale, faite cependant pour toute la Cisleithanie, se modifie, se diversifie en certains de ses articles selon les législations provinciales. Jusque dans ce parlement, il n’y a pas d’Autriche, mais une Bohême, une Galicie, etc. Pareillement, dans les deux Chambres du parlement hongrois, bien que, comprimée avec l’énergie magyare, il y a une Croatie-Slavonie, dont l’existence est attestée par la présence d’un nombre fixe de représentans ; et, pendant les sessions, le drapeau croate flotte sur le palais aussi haut que le drapeau hongrois lui-même.

Ce n’est pas tout, ce serait peu, si, pour divisés et subdivisés qu’ils soient, la monarchie austro-hongroise n’avait que ces trois parlemens en six Chambres. Mais elle a, en outre, dans sa moitié autrichienne, autant de Diètes locales que de pays ; et comme il y a dix-sept pays, cela fait donc dix-sept Diètes locales, qui sont de véritables parlemens, et des parlemens de plein exercice. De quelques-unes de ces Diètes, au moins, il n’est même pas permis de dire que ce sont de « petits » parlemens, si quelques-unes comptent près de 250 membres, comme la Diète de Bohême, ou