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par les puissances, réglant le fonctionnement de la commission, et d’après laquelle la perception et l’emploi des revenus suffisans au service de l’emprunt pour l’indemnité de guerre et des autres dettes nationales seront placés sous le contrôle absolu de la dite commission. » Cet article est le plus important des préliminaires. Il se résume d’ailleurs en un mot : contrôle européen sur les finances helléniques, ou du moins sur les revenus affectés au service de la dette. Ces revenus devront être jugés suffisans pour satisfaire aux besoins de l’ancienne dette et de la nouvelle. Dans ces conditions, les puissances prépareront un arrangement propre à faciliter le paiement rapide de l’indemnité. Quant à l’évacuation de la Thessalie, au lieu d’avoir lieu tout de suite comme l’aurait préféré l’Angleterre, elle s’effectuera dans le délai d’un mois à partir du moment où les puissances auront reconnu comme remplies les conditions précédemment énumérées, et où l’époque de l’emprunt aura été fixée par une commission internationale. Que demandait l’Allemagne ? Que l’évacuation ne s’accomplit que lorsque l’indemnité serait, ou en partie acquittée, ou totalement assurée. La seconde condition valait encore mieux que la première : c’est elle qui est réalisée.

La Grèce a un gouvernement parlementaire : les préliminaires de la paix, déjà approuvés par le sultan, doivent donc être soumis à la Chambre des députés hellénique. Une telle épreuve est pleine d’angoisses, et elle doit d’autant plus exciter nos sympathies que nous en avons traversé de semblables. Nous nous sommes inclinés autrefois devant une nécessité du même genre, remettant à l’avenir les réparations que notre sagesse aurait méritées ; la Grèce suivra certainement cet exemple. Il y aurait de sa part folie à hésiter. Elle y perdrait tout en même temps une de ses provinces et la plus riche de son domaine, son crédit qui a un si grand besoin d’être relevé, enfin la bienveillance de l’Europe, qu’elle n’a pas toujours ménagée comme elle aurait dû le faire, mais qui lui est restée fidèle, et dont son salut dépend. Que serait-elle devenue si les puissances n’étaient pas intervenues entre elle et la Turquie conquérante ? Que deviendrait-elle si cette intervention venait à cesser ? Dans le premier moment qui a suivi, à Athènes, la publication des préliminaires, l’œuvre de l’Europe a été mal appréciée. Il ne faut ni s’en étonner, ni s’en plaindre, car les grandes douleurs sont injustes. Le mot qui est revenu le plus souvent dans les journaux est celui d’iniquité. Il semblait à les lire que la solution proposée par l’Europe était « l’œuvre la plus inique dont l’histoire ait jamais fait mention. » Pour parler ainsi, il faut ne pas connaître l’histoire, ou l’avoir oubliée. Une guerre malheureuse a