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— Ceux-là du moins échapperont à la faim ?

— Oh ! non, répliqua Ladue. Ne leur faudra-t-il pas se rationner pour aider à vivre ceux qui n’auront pas assez ? — Et, ajoute M. Steffens, cette réponse brève et nette acheva de me faire comprendre quelle sorte d’homme était J. Ladue.

D’accord avec tous les mineurs, J. Ladue insiste sur ce fait, que les émigrans ne doivent entreprendre le voyage au Klondyke qu’à partir du 25 mars. Ainsi qu’eux, il affirme que c’est au printemps qu’il faut aussi se rendre dans l’Alaska, où il n’y a pas à craindre encore que les meilleurs claims soient pris, comme au Klondyke où se porte en ce moment le courant, ni que la place manque aux nouveaux arrivans. Cent mille mineurs, ajoute-t-il, peuvent camper au long des creeks du Yukon sans même être à portée de vue les uns des autres. Puis, par-delà ce champ d’exploitation, en descendant le cours du fleuve, il en est bien d’autres aussi riches, si ce n’est plus. À mesure que le pays se peuplera, que des centres de ravitaillement se créeront, on poussera plus avant et des placers aussi productifs se révéleront.

Point n’en serait besoin, selon les ingénieurs anglais qui, inconsciemment peut-être, redoutent la concurrence que les placers de l’Alaska, plus étendus, pourraient faire à ceux de la Colombie Britannique. Les résultats de la campagne de 1897 sont, jusqu’ici, pour les satisfaire, et les procédés ingénieux employés pour prévenir le chômage d’un long hiver sont poulies encourager. Dans cette région glacée, le travail de l’été est limité à trois mois. Une méthode toute nouvelle d’exploitation permet d’utiliser les mois d’hiver. Le bois est abondant ; les mineurs allument de grands feux pour dégeler la surface durcie du sol et en extraire les boues aurifères, qu’ils empilent en monticules. Dès le printemps, ils n’ont plus qu’à les laver et recueillir l’or. Ce procédé donne d’excellens résultats et l’abondance du bois permet de l’employer des années encore[1].


III

Quelles conséquences peuvent avoir, pour les États-Unis et le Canada, quelle influence peuvent exercer sur la situation économique du monde les découvertes de ces nouvelles mines d’or ?

  1. Voir The Fortnightly Review, London, septembre 1897.