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que la misère contraint à travailler pour autrui sont payés à raison de 7 fr. 50 l’heure. A « Eldorado Creek », trois mineurs ont, en une seule journée et sur des claims différens, récolté, l’un d’020 francs, l’autre 4 060 et le troisième I 080. Mais ce sont là encore des cas exceptionnels. Les moins favorisés recueillent 50 francs, bon nombre 200 à 250 francs par jour[1]. »

Le rapport officiel de Pilon. C. B. Macintosh, gouverneur du territoire du nord-ouest, confirme ces assertions. Pour l’hiver de 1896, il évalue l’extraction de l’or de Klondyke à 15 millions de francs, et celle de 1897 à 50 millions, et cela par quelques centaines seulement de mineurs. Si ces chiffres sont encourageans, on n’en saurait dire autant du tableau qu’il fait des fatigues et des dangers que doivent affronter les chercheurs d’or. Il n’existe que deux routes pour atteindre le Klondyke. La première par Seattle, distant de 4 000 milles des gisemens aurifères de l’Alaska. De Seattle, on gagne, par navires, dans l’océan Pacifique du Nord et la mer de Behring, Saint-Michael, ancien poste russe d’échanges ; de là, par bateaux ou par la piste des chasseurs de fourrures, on atteint la boucle du Yukon que l’on remonte sur un parcours de 2 000 milles, soit plus de 3 000 kilomètres, à travers l’Alaska, jusqu’à la frontière est, et de là, enfin, on parvient au Klondyke. Plus courte, l’autre route, par Juneau, a l’inconvénient d’être presque impraticable pour les voyageurs qui emportent avec eux d’importans approvisionnemens ; et les mineurs, de retour du Klondyke, recommandent par-dessus tout à ceux qui s’y rendent d’apporter avec eux tout ce qui est nécessaire en fait de vivres, vêtemens, outils, tentes, pour une année, soit en moyenne une tonne par homme.

Pour obvier à ces difficultés, un ingénieur entreprenant, Léo Stevens, fait construire un ballon pour transporter, de Tilko-Pass dans l’Alaska, là où commencent les difficultés les plus sérieuses du voyage, les passagers à destination du Klondyke. Il a trouvé des associés, des commanditaires, des actionnaires et des voyageurs. Il se propose de transporter de huit à dix personnes par ascension, et aussi de trois à quatre tonnes de fret. De Tilko-Pass aux mines du Klondyke la distance à franchir est de 187 milles. A raison de 30 milles à l’heure, avec une brise favorable, il calcule que le trajet serait de six à sept heures. La compagnie, qui

  1. Scottish geographical Magazine : Edimbourg, août 1897.