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couronne du roi de France, ou pour la sûreté de notre pays. Telles sont les intentions du gouvernement. Nous ne nous en écarterons pas et vous pouvez interpréter tous nos actes d’après ces principes ; ils serviront toujours de guide à notre conduite… »

Cette dépêche fut elle-même suivie d’une autre adressée encore par M. de Villèle, le 16 septembre, à notre ministre à Madrid. Elle achève de fixer le point de vue du Président du conseil, qui différait assez sensiblement de celui de M. de Montmorency :

« Monsieur le comte, j’ai reçu les quatre dépêches que vous m’avez adressées les 26 et 29 du mois dernier et les 2 et 5 de ce mois. Je vous remercie du zèle avec lequel vous avez rassemblé les traits épars qui caractérisent si bien le moment actuel. Le tableau que vous faites du présent nous met à même de juger l’avenir et, certes, s’il, n’est pas rassurant, au moins il ne nous décourage pas et, quoi qu’il puisse arriver, nous persistons dans le plan que nous nous sommes tracé.

« Ce qui, dans vos dépêches, a plus particulièrement fixé l’attention du gouvernement, c’est la situation dans laquelle se trouvent nos agens en Espagne, ainsi que les Français qui y vivent sous la protection et la foi des traités. Les rapports qui nous sont parvenus de Cadix, Santander, Bilbao et Barcelone s’accordent tous pour nous faire envisager cette situation comme fort critique. Je serais très affligé que le zèle et le courage de nos agens leur fît braver des dangers réels dont ils pourraient devenir victimes.

« Je ne puis pas cependant les rappeler simultanément, ce qui ressemblerait à une déclaration de guerre, qui n’est nullement dans nos intentions ; mais, dans l’état de la péninsule, il est de mon devoir de vous autoriser, monsieur le comte, à donner à nos agens la permission de revenir en France, dès que vous jugerez, d’après les rapports, que cette mesure est nécessaire à leur sûreté. »

Ces mots, déclaration de guerre qui n’est nullement dans nos intentions, avaient été ajoutés en surcharge sur la minute, de la grosse écriture de M. de Villèle. Je les ai vus moi-même, en analysant la correspondance de Madrid. Ce fait s’ajoute à tous ceux qui sont déjà connus pour indiquer que M. de Montmorency, ayant épuisé toutes les voies de la conciliation en Espagne, regardait, dès le 6 septembre 1822, et le jour même de son départ pour le Congrès, la guerre comme le seul moyen d’en finir avec