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entamées avec celle-ci, fut prié d’assister en tiers aux conférences de Scaglia et du comte-duc. Une lettre de Richard Weston adressée à don Carlos Coloma, capitaine général du Cambrésis[1], et transmise par lui à la princesse Isabelle qui la communiquait aussitôt à son neveu, vint à point pour triompher des dernières résistances du roi. Cette lettre annonçait qu’afin de témoigner de ses bonnes dispositions, Charles Ier enverrait à Madrid un ambassadeur chargé de conclure si, de son côté, Philippe IV se décidait à envoyer à Londres un diplomate ayant plein pouvoir à cet effet. La venue d’un agent anglais, Endymion Porter arrivé avec l’abbé Scaglia, confirmait ces bonnes dispositions de Charles Ier.

Il fallait se dépêcher de prendre parti à Madrid, si l’on ne voulait être devancé par la France, avec laquelle il était évident que des négociations étaient aussi entamées. Afin de répondre à la mission de Porter, Olivarès se décida à faire partir immédiatement Rubens pour Londres, en lui donnant des lettres de créance pour le grand trésorier et le secrétaire d’Etat, ainsi que des instructions très détaillées sur la conduite qu’il aurait à tenir. En conséquence Philippe IV, écrivant le 27 avril 1629 à sa tante, l’avisait de l’envoi de Rubens en Angleterre afin d’y poursuivre les négociations en vue de la paix, et de travailler préalablement à obtenir une suspension d’armes, conformément aux ordres qu’il avait reçus à cet égard. Il aurait d’ailleurs, en passant à Bruxelles, à communiquer ses instructions à la princesse Isabelle, et une seconde dépêche du roi datée du même jour invitait celle-ci à faire remettre à l’artiste le montant de ses frais de retour à Bruxelles et la somme nécessaire pour le nouveau voyage qu’il allait entreprendre. Pour donner au peintre-diplomate l’autorité nécessaire en vue de l’accomplissement de sa mission, Philippe IV informait « sa bonne tante qu’à raison des services et bonnes parties de Rubens », il la priait de lui faire délivrer patente de l’office de secrétaire de son conseil privé, avec survivance de cette charge au profit de son fils aîné. De plus, comme témoignage particulier de sa bienveillance, le roi faisait don à l’artiste d’une bague enrichie de diamans, d’une valeur de 2 000 ducats.

Rubens partit le 29 avril 1629 pour Bruxelles, en hâte et sans prendre le temps de visiter, sur sa route, son ami Peiresc, ainsi

  1. Coloma avait été, en 1622, ambassadeur de Philippe IV en Angleterre, où il avait conservé de nombreuses relations.