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croyons nécessaire que les catholiques ne refusent pas leur adhésion à la demande du vote de cette loi qui sera portée à l’autre Chambre législative.


Sans doute, on ne pouvait pas se flatter au Vatican que le cabinet de Berlin admettrait que cette lettre du Souverain Pontife à l’archevêque de Cologne dût être considérée dans la pratique comme un appendice authentique de la nouvelle loi, qui fut votée le 30 avril. Néanmoins, il était difficile de négliger l’assurance donnée à Mgr Krementz par le Souverain Pontife qu’il ressortait des lettres échangées de part et d’autre que toute cette affaire de la présentation des noms des curés devait se traiter entre le Saint-Siège et le gouvernement royal. Les catholiques devaient compter que le chef suprême de l’Eglise donnerait tous ses soins à ce qu’un accord intervînt afin de savoir comment il faudrait interpréter la chose et quelle règle on devrait suivre dans la pratique, s’il arrivait, comme le Pape l’écrivait à Mgr Krementz, que l’évêque voulût une chose et le président de la province une autre. Du fait que les questions qui viendraient à surgir de ce chef seraient réglées par la voie diplomatique, il s’ensuivait que l’action du Saint-Siège serait limitée et ne s’appuierait pas sur la loi, et cela aurait été très grave quelques années plus tôt ; mais à l’heure où Léon XIII décidait de passer outre et de ne pas prétendre à une nouvelle concession, il était de toute évidence que le prince de Bismarck voulait en finir avec le Culturkampf.

Désormais, les rapports du Vatican avec l’Allemagne allaient être empreints d’une réelle cordialité. Quelques jours avant de partir en congé, au mois d’août 1887, M. de Schlœzer remit au Pape, avec une mitre ornée de pierreries, une lettre de félicitations de l’empereur Guillaume pour le cinquantième anniversaire de la consécration sacerdotale de Sa Sainteté. Ainsi s’affirmaient une fois de plus et non sans éclat les sentimens dont on se montrait animé à Berlin. Sans doute, ces sentimens ne devaient pas produire tous les effets que certains prélats trop zélés de la cour pontificale en attendaient, à l’époque du voyage de Mgr Galimberti à Berlin, alors que des nouvellistes aventureux et imprudens, sinon perfides, propageaient l’idée qu’au besoin le cabinet du Quirinal serait encouragé de Berlin à restituer au Pape une partie, tout au moins, de sa souveraineté temporelle, ce qui, en fin de compte, sauverait la maison de Savoie des dangers de la Révolution et relèverait singulièrement, aux yeux de la diplomatie allemande, le prix de l’alliance de l’Italie.