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de veiller à ce que la paix religieuse fût maintenue et de faire ses efforts pour écarter les difficultés de la situation. Le Pape n’avait rien négligé à cet effet ; il voulait faire disparaître de la législation prussienne toutes les mesures qui attentaient aux bases mêmes de la discipline ecclésiastique, et qui supprimaient la liberté nécessaire aux évêques pour gouverner leurs églises et pour former dans les séminaires les candidats au sacerdoce.


Malgré notre sincère amour de la paix, continuait le Saint-Père, nous ne pouvons rien faire de contraire aux lois divines, et nous saurions au besoin nous résigner à subir les extrêmes épreuves, comme notre prédécesseur. En vertu même de sa constitution intime, l’Église doit être libre de pourvoir aux conditions de sa vie intérieure. Ce pouvoir doit appartenir librement tant aux Papes qu’aux évêques, obligés qu’ils sont de sauvegarder les intérêts du culte et de la vie ecclésiastique.

L’ordre sacerdotal exige de ceux qui s’y destinent des vertus particulières. Aussi la formation régulière de ces candidats est-elle une des charges les plus importantes des évêques. De là l’impérieuse nécessité de surveiller et de diriger cette éducation pour que les futurs prêtres acquièrent les vertus, l’intégrité et les aptitudes nécessaires à la dignité de leur vie. Les séminaires sont, dans cet ordre d’idées, la plus sûre garantie, en même temps qu’ils donnent aux évêques le moyen de discerner les qualités et les aptitudes des sujets qu’ils doivent admettre, librement et en connaissance de cause, à une ordination.

Votre nation s’est illustrée par la force de son armée ; or, tout le monde trouve naturel que les futurs officiers puisent l’esprit et la science militaire dans des écoles spéciales. Voilà pourquoi l’Eglise a toujours réclamé et organisé des écoles spéciales pour la formation de ses clercs.


Rappelant ensuite les prescriptions des conciles du VIe siècle, de même que celles du concile de Trente et la convention de 1821 avec la Prusse, le Pape revendiquait pour les évêques des droits entiers sur leurs séminaires, sur le choix de leurs prêtres. Léon XIII faisait d’ailleurs ressortir l’avantage que présenterait pour l’Etat un meilleur recrutement du clergé, en fournissant des missionnaires aux colonies que l’Allemagne, comme les autres nations de l’Europe, s’efforçait d’ouvrir au commerce et à la civilisation. La religion seule, concluait le chef suprême de l’Eglise, peut arriver là à des résultats que ne sauraient obtenir sans son concours des soldats et des fonctionnaires.

Quelques jours après, M. de Schlœzer communiqua a la chancellerie pontificale le texte d’un projet de loi relatif à l’éducation du clergé, et en même temps l’accord se faisait entre le Vatican et le cabinet de Berlin pour le choix du prélat