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l’empire, se tourne vers l’Orient. Avec une rapidité prodigieuse, il reprend sur les Palmyréniens la partie de l’Asie Mineure dont ils s’étaient emparés et les pousse en Syrie. Il ne servit de rien à Zénobie d’avoir contracté des alliances et réuni des troupes nombreuses. Vaincue dans plusieurs combats et dans une grande bataille, elle fit retraite sur Palmyre où, en dépit des Arabes qui le harcelaient, le vainqueur vint l’assiéger. Les murailles étaient défendues par une armée et garnies d’une infinité de balistes. Flavius Vopiscus nous a conservé la lettre par laquelle Aurélien sommait Zénobie de se rendre et la réponse hautaine de la reine. Celle-ci, paraît-il, songeait à partager l’empire avec Victoire. Mais alors elle attendait du secours des Perses, des Sarrasins et des Arméniens. Ces auxiliaires lui firent défaut : la ville fut forcée. Zénobie crut échapper à l’aide d’un dromadaire rapide. Des cavaliers lancés à sa poursuite la firent prisonnière au moment où elle allait passer l’Euphrate. L’empereur l’épargna malgré les cris de l’armée et se contenta de faire mettre à mort ses principaux conseillers : dans le nombre était le rhéteur Longin. Quant à Palmyre, elle fut respectée ; mais presque aussitôt les Palmyréniens révoltés égorgèrent la garnison romaine. Aurélien était déjà en Europe. Il revint en hâte, entra dans la ville, ordonna d’en massacrer tous les habitans et la détruisit (evertit). Zénobie fut réservée pour son triomphe. Flavius Vopiscus nous décrit cette solennité, qui paraît avoir été magnifique. La reine, dit-il, y figurait ornée de pierreries et chargée déchaînes d’or si pesantes, qu’on devait les soutenir autour d’elle. Mais d’autres historiens, Zosime et Zonare, rapportent que, pendant qu’on la conduisait à Rome, elle se laissa mourir et que. de ses enfans, un seul figura dans la pompe triomphale. Sur ce point encore, l’imagination entre en jeu, et la raison peut rester incertaine.

Très justement on désirerait connaître les traits de la reine autrement que par les descriptions qui en sont restées. Mais ici, de nouveau, il faut recourir aux monnaies. Elle y figure tantôt diadémée et tantôt sans ornemens. Les lignes du visage sont pures ; elle porte la chevelure ondulée et cannelée des impératrices d’alors, de Salonine et de Sévérina. Un buste du Musée Chiaramonti, à Rome, est considéré comme étant son portrait. Mais il n’a aucun caractère. La coiffure, en partie restaurée, n’est point à la mode du temps. Le visage est sans beauté et d’une expression triviale. Je pense que l’attribution donnée à ce buste vient de ce