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ESSAIS
DE LITTÉRATURE PATHOLOGIQUE[1]

III
L’ALCOOL. — EDGARD POE
(Première partie)

Œuvres complètes et lettres. — Edgar Allan Poe, par John Ingram (2 vol. ; Londres, 1880). — Edgar Allan Poe, par George Woodberry (1 vol. ; Boston, 1894).

Il y a des noms qui éveillent des rumeurs de bataille, des réputations qui sentent la poudre. Edgar Poe a été longtemps, aux États-Unis, l’un de ces hommes dont on n’a pas le droit de parler avec calme. Il semblait que ce fût faire acte de faiblesse, et presque de relâchement moral, que de garder son sang-froid, de rester impartial, en face d’un si grand pécheur. On s’admirait si, d’aventure, on osait se taire par charité chrétienne ; quelques semaines après la mort de Poe, un de ses anciens collaborateurs écrivait avec des larmes dans la plume : « Un scrupule généreux porte tous ceux qui l’ont intimement connu à ensevelir dans l’ombre de l’oubli ses faiblesses, ou plutôt tous les traits distinctifs de sa personnalité[2]. » Quant à ceux que ne gênait aucun scrupule, loin

  1. Voyez la Revue du 1er  et du 15 novembre 1896.
  2. Écrivains étrangers, par Teodor de Wyzewa (1896, Perrin).