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celui-ci n’était chargé de 800 millions de pensions militaires.

En Allemagne, l’impôt sur l’alcool est établi d’une façon uniforme depuis la constitution du Zollverein (union douanière) en 1834. Les distilleries sont divisées en deux catégories : celles qui traitent des substances farineuses et celles qui travaillent d’autres matières. Les premières sont imposées d’après la capacité des cuves de fermentation ; les secondes, d’après la quantité de substances employées. Le droit est fixé de façon à donner au Trésor à peu près 75 francs par hectolitre d’alcool pur et fournit au budget impérial 145 millions de francs pour une production d’environ 2 millions d’hectolitres.

En Hollande, l’impôt sur l’alcool fournit une cinquantaine de millions, le quart du budget. La prise en charge des matières premières et la déclaration de leur rendement avec un minimum légal servent de base à la perception. Le gouvernement s’y est réservé le monopole de la fourniture des substances dénaturantes, susceptibles de conférer à l’alcool le bénéfice d’une réduction de droits.

En résumé, dans la plupart des pays modernes, l’alcool est imposé et fortement imposé. Aucun gouvernement n’hésite à le frapper de droits énormes et à prendre les mesures de surveillance rigoureuse qui sont indispensables pour recouvrer l’impôt et déjouer la fraude. En dépit de cette charge écrasante, la consommation augmente presque partout. On cite les pays privilégiés où elle reste stationnaire, ou diminue légèrement. A défaut du raisonnement qui nous convainc de la légitimité de cet impôt, nous trouvons en sa faveur un argument de fait irrésistible dans cette unanimité des législations.


III

Nous devons maintenant aborder l’examen d’une idée avec laquelle on a beaucoup agité l’opinion publique en France et qui, présentée avec adresse, a séduit au premier abord les théoriciens simplistes, si nombreux chez nous. Par elle-même, elle n’offre pas un intérêt bien considérable. Constituer un monopole, quel qu’il soit, est le rêve favori de beaucoup de socialistes, qui y voient le moyen de détruire l’industrie privée et l’initiative individuelle. Nous résumerons cependant les argumens de tout genre qui ont été répétés à satiété dans la presse et ailleurs par les partisans du