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nouvelles concessions fussent faites au Saint-Siège, mais qu’en revanche, le gouvernement royal ne céderait pas sur la question de l’éducation des clercs.

Ces divergences entre la chancellerie pontificale et la diplomatie prussienne provoquèrent de part et d’autre des polémiques dont la vivacité ne servait qu’à diminuer les quelques bons effets qu’aurait pu produire la nouvelle loi ecclésiastique, récemment sanctionnée par Guillaume Ier. Tandis que la Gazette universelle de l’Allemagne du Nord, en réponse à la note du cardinal Jacobini, du 24 juin 1883, reprochait au Saint-Siège de faire sans nécessité « de la critique prétentieuse et chicanière », et d’agir de telle façon qu’une fois de plus l’impossibilité de satisfaire le Vatican était démontrée, le secrétaire d’Etat à Rome rappelait dans leur ordre chronologique les dernières étapes des pourparlers conduits par M. de Schlœzer et à la suite desquels on s’était trouvé placé à l’improviste en présence d’une situation toute nouvelle : celle résultant du dépôt du projet de loi destiné à modifier, sans le concours du Saint-Siège, l’état légal de l’Eglise catholique en Prusse. Le départ en congé de M. de Schlœzer, à la fin de juillet, ne changea rien à la situation créée, d’un côté par la sanction que l’Empereur avait donnée à la dernière loi ecclésiastique, de l’autre par la note du 20 juin dans laquelle le Saint-Siège avait prévenu le cabinet de Berlin qu’en agissant unilatéralement par voie législative, le gouvernement royal n’avait pas pris le moyen propre à remettre sur un pied normal les rapports de l’Eglise catholique avec l’Etat. Tel n’était pas l’avis des hommes politiques à Berlin ; ils espéraient qu’à la suite de la mise en vigueur de la nouvelle loi ecclésiastique, un nouveau courant d’idées allait se former au sein des populations catholiques de l’empire, lorsqu’elles verraient qu’elles pourraient naître, se marier, faire baptiser leurs enfans et mourir sans être inquiétées dans leur foi. M. de Schlœzer, en prenant congé du secrétaire d’État, était revenu sur la nécessité qui s’imposait à la cour pontificale de faire un pas dans la voie des concessions pour reconnaître la bonne volonté qu’avait montrée le gouvernement royal en fournissant à l’autorité ecclésiastique le moyen de pourvoir au service du culte dans de nombreuses paroisses privées depuis plusieurs années de tout secours spirituel. Le cardinal Jacobini avait répondu en invoquant encore une fois les argumens qu’il n’avait cessé de faire valoir dans ses notes et en affirmant derechef la nécessité absolue