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Pape ne se croyait pas tenu d’écouter la Congrégation spéciale de cardinaux qui a été chargée, en 1878, après la mort du cardinal Franchi, de l’examen des questions religieuses allemandes. »

Le langage du secrétaire d’Etat concordait bien peu avec ces paroles du ministre de Prusse, auquel Son Eminence reprochait de se complaire en des appréciations erronées dont il puisait les élémens dans le commerce intime de prélats plus ou moins déclassés qui n’avaient pas accès à la cour pontificale et ne craignaient pas de présenter les choses à M. de Schlœzer sous un jour tout à fait faux. « On se trompe à Berlin, disait le cardinal Jacobini, si on croit que les choses vont changer d’aspect ; le Pape seul peut accorder aux évêques la faculté de notifier au pouvoir civil les nominations aux emplois ecclésiastiques ; cette faculté, le Pape ne la donnera pas, et nous allons donc voir surgir de nouveaux conflits comme résultats de cette prétendue loi d’apaisement. »

En effet, le Saint-Père résistait non seulement aux instances de la diplomatie officielle du prince de Bismarck, mais encore aux efforts tentés par certains membres indépendans du parti catholique allemand, pour déterminer la chancellerie pontificale à entrer dans la voie des concessions. Le prince d’Isembourg-Birstein était venu à Rome pour demander à Léon XIII de se montrer plus accommodant ; il avait laissé entendre qu’au besoin le cabinet de Berlin consentirait à restreindre encore beaucoup les cas où la notification serait obligatoire. Cette première ouverture ayant été très nettement repoussée, le prince d’Isembourg émit l’idée que le Saint-Siège pourrait tout au moins consentir à ce que l’essai de la nouvelle loi fût tenté dans un seul diocèse pendant trois ans. Cette transaction ne fut pas davantage admise, et le négociateur officieux n’eut pas plus de succès lorsqu’il crut devoir exposer au Pape qu’il serait dangereux pour l’Eglise d’accorder une confiance trop illimitée à M. Windthorst, qui devenait suspect à un groupe d’aristocrates catholiques, à la tête desquels était le baron de Schorlemer-Alst. Mais on répondit au prince d’Isembourg en l’informant de l’arrivée à Rome de lettres qui témoignaient que les dissentimens passagers, survenus en effet entre certains membres de la fraction du Centre, avaient disparu et que l’union s’était tout à fait rétablie entre M. Windthorst et le baron de Schorlemer-Alst. De retour à Berlin, le prince d’Isembourg écrivit à un des membres influens du Sacré Collège que, sur la question de l’Anzeigepflicht, il ne serait pas impossible que de