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diplomatie prussienne, sans que ces deux questions : la liberté de la juridiction ecclésiastique et celle de l’éducation des clercs, eussent été l’objet d’un nouvel examen de la part de la chancellerie pontificale, le Pape ayant jugé, comme le secrétaire d’Etat, qu’il n’y avait rien à modifier de ce chef au programme qui avait été soumis au prince de Reuss, ambassadeur d’Allemagne à Vienne en 1880 par le cardinal Jacobini lui-même, alors que, remplissant en Autriche les fonctions de nonce, il avait été chargé de reprendre, d’abord avec l’ambassadeur d’Allemagne et ensuite avec le prince de Bismarck, à Gastein, les pourparlers suivis sans succès à Kissingen, en 1878. Quel accueil les demandes de la Curie allaient-elles, cette fois, recevoir à Berlin ? Le Saint-Siège pouvait-il se flatter de l’espoir que ce dernier essai de négociation réussirait plus heureusement que les trois premiers tentés en 1878, en 1879 et 1880, enfin en dernier lieu à Rome même, au mois de décembre 1882 ? En réalité, la proposition, dont les termes furent indiqués à M. de Schlœzer en avril 1883, comportait l’abrogation de deux lois appartenant non pas à la catégorie des « lois de combat » dont l’empereur Guillaume se déclarait prêt à proposer aux Chambres prussiennes l’abandon ou la suspension, mais à celle des lois organiques qui, en 1873, étaient venues modifier profondément la situation légale de l’Eglise catholique en Prusse. On s’éloignait ainsi de plus en plus de cette idée de modus vivendi et d’armistice, que le prince de Bismarck avait proposée quatre ans auparavant, en attendant la conclusion d’une paix réelle.

D’autre part, la Gazette universelle, la presse officieuse de Berlin, se livraient aux polémiques les plus désobligeantes pour le Pape à propos de la présence au Vatican de l’archevêque de Posen. Les choses étant ainsi posées, comment le pape aurait-il pu éloigner le cardinal Ledochowski du Palais apostolique ? On devait cependant se demander si la prolongation du séjour au Vatican d’un hôte aussi suspect à l’Allemagne ne fournirait pas au cabinet de Berlin de nouveaux griefs contre le Souverain Pontife. M. de Schlœzer avait eu beau déclarer que son gouvernement ne songeait pas à user de ses droits contre le cardinal Ledochowski ; on se souvenait très bien que, peu de temps après son arrivée à Rome, l’archevêque de Posen, qui s’était d’abord installé dans le palais de Sainte-Marthe, derrière Saint-Pierre, avait été en butte, de la part des autorités judiciaires italiennes, à des obsessions assez sérieuses pour qu’on jugeât indispensable de