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se déploie, parallèlement au thalweg, de Meyrargues au Puy à peu de distance de l’ancienne carraire, jadis réservée au parcours des troupeaux transhumans ; depuis quelques années, à tous ces tracés limitrophes est venu s’ajouter un chemin de fer d’intérêt local dont les rails suivent fidèlement la route. L’autre chemin, plus récent et naguère difficilement praticable, vient de la ville d’Aix; il gravit un col de la Trévaresse, déploie ses lacets sur la colline au milieu des bois de pins, débouche dans le hameau paroissial et se bifurque en aval de celui-ci, d’une part pour aboutir au Puy, de l’autre pour se raccorder perpendiculairement à la route déjà mentionnée. Au point de jonction, la compagnie du chemin de fer a fait construire un petit abri qui porte le nom de notre hameau, éloigné de 3 kilomètres, et devant lequel s’arrêtent quelquefois les trains sur la demande des voyageurs. En résumé, comme jadis, le territoire et ses habitans, sans être isolés, communiquent moins facilement qu’on ne pourrait le croire, avec Aix et Pertuis, les deux marchés agricoles les plus voisins et se trouvent dépourvus de la jouissance immédiate des grandes routes, ponts ou voies ferrées, dont le voisinage relatif se complique de longs détours et de pénibles montées.

L’aspect général du terroir rappelle beaucoup sans doute, à maints égards, le paysage provençal tel que l’ont contemplé tous les voyageurs qui se rendent du nord ou de l’ouest de la France dans la direction de Nice. Néanmoins, ce ne sont là ni les collines boisées de pins du Var, dominant d’interminables olivettes, ni la plate Grau avec ses cailloux, ni les verdoyantes prairies de la banlieue d’Arles. Peu d’oliviers, d’ailleurs médiocres et presque improductifs; sur les hauteurs, trop peu de bois, généralement des pins d’Alep rabougris ; quelques prairies dans la zone arrosable seulement, mais beaucoup de pommes de terre, force champs de blé, et beaucoup d’amandiers, dont les nombreuses rangées sillonnent la plaine, peuplent les coteaux et escaladent les pierreuses collines sans en dissimuler complètement la nudité blanchâtre. Le paysage, çà et là assombri par des bouquets de chênes blancs ou verts, ressemblerait, sur plus d’un point, aux environs de Carcassonne (avec moins de vignes) ou à certaines parties de l’arrondissement de Castelnaudary.

Le sol est caractérisé par sa constitution essentiellement argilo-calcaire ; la terre, plastique à un haut degré, renferme encore un bon tiers de carbonate de chaux. Des tuileries ont existé et