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I

Au sortir du département des Basses-Alpes, la Durance, grossie du Verdon, change la direction de son cours et, forçant l’étroit défilé de Mirabeau, déroule son lit capricieux et irrégulier dans une plaine assez large, sensiblement orientée du levant au couchant. Au nord de la rivière (qui mériterait mieux le nom de torrent) s’étend le département de Vaucluse, avec les petites villes de Pertuis et de Cadenet, l’une et l’autre chefs-lieux de canton de l’arrondissement d’Apt, et séparées de ce dernier centre administratif, d’abord par divers contreforts assez médiocres, mais surtout par la chaîne abrupte du Luberon (ou Léberon) que nulle route ne franchit, sinon celle de la « combe » de Lourmarin, tracée au delà de Cadenet, vers l’ouest. Au sud, dans les Bouches-du-Rhône, et à distance respectueuse du terrible cours d’eau, se succèdent Peyrolles et deux autres communes du canton de Peyrolles (rattaché lui-même à la sous-préfecture d’Aix). C’est d’abord le bourg de Meyrargues dont les maisons, surmontées par un vieux château pittoresque, dominent une gare importante où les deux réseaux du Sud de la France et des Bouches-du-Rhône se soudent à la ligne P.-L.-M.; ensuite, à quelques kilomètres plus loin, la commune du Puy-Sainte-Réparade, où nous allons introduire nos lecteurs. Le « petit centre agricole » dépend de cette commune, et nous allons brièvement retracer l’aspect de son terroir.

Considéré dans son ensemble, il forme une sorte de plan incliné irrégulier, exposé au nord, dont la base bien arrosée baigne dans la Durance et dont le sommet coïncide avec la crête aride de la Trévaresse, petite chaîne trop déboisée qui, faisant face au Luberon, borne au sud le bassin de l’affluent du Rhône. A mi-côte s’élève l’agglomération, modeste hameau d’une centaine d’habitans, d’où l’on jouit d’une vue superbe sur l’ensemble de la vallée. Dans la plaine, le petit canal de Peyrolles, dérivé de la Durance en amont de ce bourg, serpente au-dessus des terres qu’il irrigue et, plus loin, le grand canal de Marseille poursuit en ligne droite sa marche inflexible, à une faible distance de la rivière qu’il vient à peine de quitter. Les talus de ses berges élevées, arrêtant l’écoulement des eaux supérieures, nuisent beaucoup aux champs voisins, loin de les féconder. Deux chemins vicinaux desservent le territoire : le premier, le plus anciennement tracé, dessert la plaine arrosable et