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efforts et les espérances des catholiques aient pu être orientés dans un autre sens. En face de l’hostilité sans motif, déclarée dès le premier jour à l’Eglise par les autorités républicaines, je n’ai entendu personne lui conseiller de rien attendre pour sa défense que de la justice et de la liberté. Dans les luttes si hardies et si ardentes soutenues au Parlement contre les lois irréligieuses de la république, pas une parole n’a été prononcée qui ait eu un autre caractère. Quand les congrégations religieuses (et en particulier celle dont le Père Maumus fait partie) ont été brutalement expulsées de leur domicile et de leur sanctuaire, c’est le droit outragé qu’elles invoquèrent, sans faire appel, sous forme ni de regret ni d’espoir, au retour d’aucune faveur légale. C’est dans ces termes et nuls autres qu’étaient rédigées les protestations de ceux qui se firent mettre les mains au collet ou même se firent jeter en prison pour leur défense; le même langage fut tenu par les magistrats et les fonctionnaires qui sacrifièrent pour elles avec leur carrière la seule fortune de leur famille. Ces faits sont trop récens et ont eu trop d’éclat pour être dénaturés ou mis en oubli. Le Père Maumus doit donc avoir eu regret de se croire obligé (par un motif que je n’explique pas) à n’y consacrer ni une ligne ni un souvenir. Rien n’était mieux fait pourtant que cette épreuve commune, pour sceller d’une façon définitive l’alliance de la religion et de la liberté. Est-ce parce que ces efforts n’ont pas été suivis d’un succès immédiat, qu’on ne doit aujourd’hui en tenir aucun compte? Mais combien de temps avait-il fallu demander la liberté de l’enseignement et se la faire refuser, avant de l’obtenir? Pendant combien d’années les catholiques anglais ont-ils dû réclamer sans être écoutés, le bill qui leur a accordé leur émancipation ? Et les catholiques du Centre allemand, combien de temps ont-ils supporté la persécution de M. de Bismarck avant qu’elle se soit découragée? L’histoire est pleine de protestations vaines en apparence le premier jour, qui ont eu leur récompense dans l’avenir pour ceux qui ont eu la patience de l’attendre.

Est-ce parce que ceux qui ont soutenu ce jour-là la cause de la liberté religieuse n’avaient pas fait adhésion à la république, qu’on ne doit plus garder leurs noms en mémoire? Quoi donc ! est-ce que la République a désormais à ce point le monopole de la justice, qu’il faille commencer par lui rendre hommage pour avoir le droit d’en réclamer sa part? C’est très bien fait assurément de rappeler aux catholiques d’aujourd’hui les exemples de ceux