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que par un vapeur et quelques goélettes, l’Amérique elle-même par quatre steamers de faible tonnage.

Le grand trois-mâts, le clipper a vécu. Le schooner (goélette) se maintient par sa construction économique et ses qualités nautiques. La flotte marchande américaine contient encore un grand nombre de ces voiliers agiles qui servent à la navigation côtière, au grand cabotage, à la pêche, les navires étrangers n’étant pas admis aux Etats-Unis, plus que chez nous, à pratiquer le cabotage.

La proportion en valeur transportée sous pavillon américain, dans le total des importations et exportations maritimes des États-Unis, n’a cessé de décroître depuis 1845. Dans ce total, qui était de 232 millions de dollars en 1845 et qui a atteint 1 747 millions de dollars en 1895, la part du pavillon américain, de 81 pour 100 en 1845, de 75 encore en 18[[et de 66 en 1860, est tombée à 35 en 1870, à 17 en 1880, à 13 en 1890, à 11 et demi pour 100 en 1895.

Un dernier trait. En 1895, le voyage des Etats-Unis en Europe n’a été effectué que 252 fois par des navires américains, tandis qu’il l’a été plus de 10 000 fois par des navires d’autres nationalités. Cinq navires américains, durant cette même année, sont entrés dans des ports allemands ; un seul a visité notre port de Marseille.

Les Etats-Unis ont déjà fait dans ces dernières années de grands efforts pour relever une de leurs anciennes et plus belles industries. Ils parviendront, s’ils le veulent bien, à reconquérir pour leur pavillon une place honorable, comme nous le ferons nous-mêmes le jour où il ne nous plaira plus de fermer les yeux à l’évidence.


AUGUSTE MOIREAU.