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solution à laquelle inclinerait la majorité du conseil supérieur de la marine marchande, mais qui ne saurait être du goût, naturellement, de l’industrie des chantiers maritimes. Les constructeurs ont déjà assez de peine à obtenir des commandes, même depuis que la suppression de la demi-prime, il y a six ans, leur a rendu un peu moins difficiles les conditions de la lutte. Ils n’admettront pas facilement que, sous prétexte de stimuler l’activité de la navigation, on commence par faire l’existence plus dure à la construction.

Celle-ci soutient-elle, de son côté, tous les efforts qui seraient nécessaires pour attirer les commandes de la marine commerciale? Est-elle en état d’assurer que cet écart de 40 pour 100 qui existe encore entre les prix auxquels peuvent être livrés deux bâtimens exactement semblables, sortant l’un des chantiers anglais, l’autre des chantiers français, soit vraiment un écart minimum? C’est là une question que nous ne saurions trancher et qui reste simplement posée devant la conscience et l’intérêt bien entendu des constructeurs. Il est vrai que ceux-ci trouvent plus avantageux de travailler pour la marine de l’État que pour celle du commerce, et la marine de l’Etat n’est pas près, semble-t-il, de chômer de travaux nouveaux.

On a encore remarqué que la loi de 1893, dans ses clauses relatives aux primes à la navigation, avait particulièrement favorisé la navigation à voiles et montré quelque parcimonie pour la navigation à vapeur. Rien n’empêcherait de relever légèrement le taux des primes qui sont affectées à celle-ci. Le fait n’emporterait pas une addition considérable aux 14 millions que le système de protection établi en 1893 coûte annuellement à l’Etat. Il ne faudrait pas en revanche tomber dans l’excès opposé et reporter exclusivement toutes les faveurs administratives sur la marine à vapeur sous prétexte que les voiliers sont une chose du passé. Les grands voiliers reviennent peu à peu à la mode, et protesteraient à juste titre contre un pareil dédain.

Il est un point sur lequel une réforme serait aisée et efficace, une réforme non dans la législation, mais dans le mode d’application d’un des articles de la loi de 1893.

L’article 7 permet d’accorder une surprime de 25 pour 100 aux navires dont le plan a été accepté par le ministère de la marine. Or le conseil supérieur a déclaré qu’en cas de guerre on aurait surtout besoin de croiseurs auxiliaires pour ruiner le commerce