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appuyées par la Bavière et le Wurtemberg, ils rompirent sans vergogne l’accord. Sous prétexte que leur concours avait été subordonné à l’adhésion de tous les princes allemands, ils refusèrent d’ordonner les élections dans leurs États. L’Union restreinte mourut de ce non saxon et hanovrien, comme l’union démocratique de Francfort était morte du non prussien. Radowitz, résolu jusqu’au bout, malgré cet abandon, vint ouvrir son parlement à Erfurt, sans autre cortège que celui d’un certain nombre de petits États (20 mars 1850). Là, sous le coup de la nécessitera lenteur allemande se transforma en fougue. Constitution, loi électorale, tribunal d’Empire, acte additionnel, tout fut voté en un tour de main (29 avril).

Schwarzenberg laisse discuter et voter, il agit. Il convoque les gouvernemens allemands à Francfort. Les plénipotentiaires des quatre royaumes, Saxe, Hanovre, Wurtemberg, Bavière, de la Hesse électorale, du Danemark pour le Holstein, des Pays-Bas pour le Luxembourg, s’y rendent et fixent au 15 septembre la réouverture définitive de la Diète.

Comment trancher un tel conflit, si ce n’est par les armes ? Cependant ni l’un ni l’autre des adversaires ne se décide à les prendre sans s’être assuré des dispositions du Tsar, véritable arbitre de la victoire, qui vient d’arriver à Varsovie pour écouter, répondre et décider.

Les vues de Nicolas, fort multiples, n’étaient pas aisées à démêler. Attaché à la famille royale de Prusse par la parenté et par de communs souvenirs, il n’était pas moins dévoué au Danemark dont la Prusse poursuivait la dislocation. Il détestait toute perspective d’unité allemande, et la Prusse flattait et préparait cette unité. Il avait en horreur la révolution, et le roi de Prusse lui accordait, tout en déclamant contre elle, de larges concessions. Il jugeait indispensable à la sécurité de son empire que l’Autriche, unie à la Confédération germanique, ne fût pas réduite à ses aspirations orientales ; il ne voulait pas que, rendue trop forte par l’anéantissement de la Prusse, elle devînt un voisin incommode.

Brandebourg et le prince de Prusse, puis Schwarzenberg vinrent chacun plaider leur cause à Varsovie. Les Prussiens soutinrent qu’ils poursuivaient un intérêt prussien et non révolutionnaire, et ils furent un moment au point de gagner leur juge en concluant la paix avec le Danemark (2 juillet 1850). Mais les